Vigne de ma douleur
Toujours dans les Chemins de faire, ceci:
Absence
Une vigne c'était et sa gorge de flamme
Toute épanouie d'argent, d'or et de carmin,
Tendre, sucrée et parfumée comme une femme:
Mes lèvres l'ont croquée, butinant son chemin.
Un soir, j'en suis parti quand s'effraie l'hirondelle,
Je m'en suis allé, qui préserverait mon nid?
L'ombre s'est accumulée sur une tonnelle
Et sur de vieilles traces jusqu'à l'infini.
Je suis revenu. Étais-je toujours le même?
Où s'en est allé le muscat hier déployé?
Le ciel d'Occitanie s'est noirci d'anathèmes,
Comme j'ai perdu la clé de mon vieux foyer.
Où es-tu
Vigne, vigne, où es-tu
Dans cette poussière morte
Que le Cers mauvais emporte
Et me laisse dévêtu,
Telle une âme sans vertu
Sur un devant de porte?
Douleur
Quand tout commence ou tout s'achève
L'oeil de la vie comme l'espoir
Une chanson en moi s'élève
Parfois à l'heure où point le soir.
Souvent je pleure de l'entendre
Encore et dépassant la nuit
Des fois qu'on veuille la pourfendre
Dans mon exil l'air est sans bruit.
Mais mes sanglots sont que peut-être
Je ne vois plus la vigne en fleurs
Et que derrière ma fenêtre
Je n'aperçois que ma douleur.