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"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensables des devoirs."Article 35 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 24 juin 1793

Lors des grands mouvement de l'histoire sociale en France (grèves, révoltes populaires ou révolutions), des chants ont accompagnés celles et ceux qui en furent les acteurs, d'autres s'en sont souvenus. Florilège de quelques chants révolutionnaires et ouvriers.

 la Carmagnole durant la Révolution française de 1789:

 Refrain:

Dansons la carmagnole, vive le son, vive le son,

Dansons la Carmagnole, vive le son du canon.   (bis)

 

Madam' Veto avait promis

De faire égorger tout Paris.  (bis)

Mais son coup a manqué,

Grâce à nos canonniers.  (Au refrain)

 

Monsieur Veto avait promis

D'être fidèle à son pays,  (bis)

Mais il y a manqué,

Ne faisons plus de quartier.  (Au refrain)

 

Le Chant de l'Armée du Rhin,link, écrit en 1792, devenu très vite la Marseillaise, puis l'hymne national de la République en 1882. Face à la coalition des monarchies européennes et des ennemis de l'intérieur, il confirme la réalité de la première république et l'indépendance de la nation française. Et sous l'occupation nazie, la Marseillaise fut sur les lèvres des combattants et des martyrs de la Résistance pour un meilleur avenir dans la liberté.

Aujourd'hui, des esprits chagrins semblent remettre en cause la forme révolutionnaire de la Marseillaise. Sans doute oublient-ils que la défense de la justice sociale, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité est de tous les temps.

     1er couplet:

Allons enfants de la patrie,

Le jour de gloire est arrivé,

Contre nous de la tyrannie,

L'étendart sanglant est levé.  (bis)

Entendez-vous dans les campagnes

Mugir ses féroces soldats.

Ils viennent jusque dans nos bras

Egorger nos fils et nos compagnes.

 

     Refrain:

Aux armes citoyens!

Formez vos bataillons!

Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons.

 

     Dernier couplet:

Nous entrerons dans la carrière

Quand nos ainés n'y seront plus.

Nous y trouverons leur poussière

Et l'exemple de leurs vertus

Et l'exemple de leurs vertus.

Bien moins jaloux de leur survivre

Que de partager leur cerceuil,

Nous aurons le sublime orgueil

De les venger ou de les suivre.

 

     Au refrain

 

Le Chant des Canuts fut écrit par Aristide Bruant, en souvenir de la révolte des ouvriers du textile lyonnais que la troupe fusillera. Vivants dans des taudis, désespérés, sous-rémunérés par le patronat du textile, les Canuts se révoltent une première fois en novembre 1831; ils sont écrasés par les régiments de ligne. Une seconde insurrection se produit à la fin de l'année 1833: c'est le début de la "Semaine sanglante". Une ultime révolte a lieu en juin 1849, elle est aussi violemment réprimée par l'armée. Mais les révoltes des Canuts vont faire naître dans la classe ouvrière le sentiment d'une communauté d'intérêts en cette période du début du capitalisme industriel.

     Pour chanter Veni Creator

     Il faut une chasuble en or.

Nous en tissons pour vous, grands de l'usine,

Et nous, pauvres canuts, n'avons pas de chemise.

     Refrain:

     C'est nous les canuts,

     Nous sommes tout nus.

     Pour gouverner, il faut avoir

     Manteaux ou rubans en sautoir.

Nous en tissons pour vous, grands de la terre,

Et nous, pauvres canuts, sans drap on nous enterre.

     (Au refrain)

     Mais notre règne arrivera

     Quand votre règne finira:

Nous tisserons le linceul du vieux monde,

Car on entend déjà la tempête qui gronde.

     (Au refrain)

 

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L'Internationale est écrite par Eugène Pottier, partisan de la Commune de Paris (mars-juin 1871). et élu du 2e arrondissement.  Il combat sur les barricades et échappe à la répression sanglante exercée par les troupes de Thiers. Condamné à mort par contumace, il réussit à passer en Angleterre où il écrit ces paroles en juin 1871.

Longtemps l'Internationale est lue mais ne se chante pas. En 1888, la Lyre des Travailleurs, filiale artistique de la section lilloise du Parti ouvrier français, demande à Pierre Degeyter de composer une musique sur le poème d'Eugène Pottier. C'est un très grand succès, mais cantonné dans le Nord de la France. Elle va toutefois être chantée à Troyes, en 1895, au Congrès des syndicats guesdistes. A partir du Congrès de 1899, à la salle Japy à Paris, elle est adoptée par l'ensemble des socialistes français, débutant ainsi sa prestigieuse carrière dans le monde entier.

Debout les damnés de la terre

Debout les forçats de la faim.

La raison tonne en son cratère,

C'est l'éruption de la fin.

Du passé faisons table rase,

Foule esclave, debout, debout,

Le monde va changer de base,

Nous ne sommes rien, soyons tout.

     Refrain:

C'est la lutte finale,

Groupons-nous et demain,

L'Internationale sera le genre humain

C'est la lutte finale,

Groupons-nous et demain,

L'Internationale sera le genre humain.

 

Gloire au 17e, est écrit en hommage aux soldats du 17e de ligne qui se mutinèrent à Béziers, ne voulant pas tirer sur une manifestation des vignerons en 1907. A cette époque, tout le Midi de la France, soutenant son monde viticole, est en rébellion contre le gouvernement. Clemenceau, le flic de France, envoie la troupe. une fusillade éclate à Narbonne, laissant neuf morts sur les pavés.

Légitime était notre colère,

Le refus un grand devoir.

On ne doit pas tuer ses pères et mères

Pour les grands qui sont au pouvoir.

Soldats, votre conscience est nette,

On n' se tue pas entre Français,

Refusant d' rougir vos baïonnettes,

Petits soldats, oui vous avez bien fait.

     Refrain:

Salut, salut à vous,

Braves soldats du dix-septième,

Salut braves piou-pious,

Chacun vous admire et vous aime.

Salut, salut à vous,

Braves soldats du dix-septième,

Vous auriez en tirant sur nous,

Assassiner la République.

 

La Jeune Garde, link, ce chant de la jeunesse ouvrière, fut écrite avant 1920 par Montéhus. Il fut  surtout connu par le biais des jeunesses communistes et socialistes durant le Front populaire.

Nous sommes la Jeune France,

Nous sommes les gars de l'avenir,

Élevés dans la souffrance,

Nous devrons vivre ou bien mourir.

Nous travaillons pour la bonne cause,

Pour délivrer le genre humain,

Tant pis si notre sang arrose

Les pavés sur notre chemin.

 

     Refrain:

Prenez garde,

Prenez garde,

Vous les sabreurs, les bourgeois et les gavés, les gavés,

A la jeune garde qui descend sur le pavé, sur le pavé.

C'est la lutte finale qui commence,

C'est la révolte de tous les morts-de-faim.

C'est la révolution qui s'avance

Et qui sera victorieuse demain.

Prenez garde

A la jeune garde!

 

Le Chant des dockers fut écrit contre la guerre coloniale d'Indochine, durant laquelle les dockers français se mirent en grève pour exiger la paix au Vietnam, notamment au printemps 1950.

Sur tous les quais de tous les ports de France,

Entendez-vous ces dockers, ces grutiers,

Dire aux bateaux, aux armées en partance,

Nous voulons travailler pour la paix.

Plus de canon, plus d'obus pour la guerre,

Paix au Vietnam, renvoyez nos garçons

Rendez leurs fils aux malheureuses mères,

Envoyez donc les fascistes en prison.

     Refrain:

C'est la chanson des dockers,

C'est la chanson de tous les hommes libres,

C'est la chanson des dockers

Qui revendiquent partout le droit de vivre,

C'est la chanson des dockers

Qui sert d'exemple à tous les prolétaires

Et dites partout dans le monde entier,

Comptez sur nous, les dockers sont vos frères.

 

Vers la fin des années 1970, des licenciements massifs interviennent en France, notamment dans la sidérurgie. A Longwy, par exemple, on annonce la suppression de pas moins de 20 500 emplois sur deux ans. Michel Fugain compose le Chiffon rouge,link , en 1977. Sa chanson devient l'hymne de la radio libre Lorraine-Coeur-d'acier organisée autour des sidérurgistes de la CGT.

Accroche à ton coeur, un morceau de chiffon rouge,

Une fleur couleur de sang.

Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge,

Lève-toi car il est temps.

Allons droit devant vers la lumière

En montrant le poing et en serrant les dents,

Nous réveillerons la terre entière

Et demain, nos matins chanteront.

     Refrain:

Compagnons de colère, compagnons de combat,

Toi que l'on faisait taire, toi qui ne comptais pas,

Tu vas pouvoir enfin le porter

Le chiffon rouge de la liberté,

Car le monde sera ce que tu le feras

Plein d'amour, de justice et de joie.

 

Accroche à ton coeur, un morceau de chiffon rouge,

Une fleur couleur de sang.

Si tu veux vraiment que ça change et que ça bouge,

Lève-toi car il est temps.

Tu crevais de faim dans la misère,

Tu vendais tes bras pour un morceau de pain.

Mais ne craint plus rien, le jour se lève

Et il fera bon vivre demain.

     Refrain:

 

Bien sûr, il m'est impossible de retranscrire ici la somme des chants révolutionnaires et ouvriers français. En effet, bien d'autres textes acérés contre l'injustice et la misère se sont égrenés au cours des grèves, des révoltes ou des révolutions en France.

Pour autant, même si le Chant des partisans n'est pas de cette veine, permettez-moi de l'associer dans cette page. En vérité, au cours des dures années de luttes contre l'occupant nazi et son allié collaboratrionniste, le régime de Vichy, la classe ouvrière, en prenant part à la Résistance, elle plus que tout autre, resta fidèle à cet idéal de liberté et d'humanité. D'ailleurs,  les auteurs du Chant des partisans, dans la formulation du premier couplet, le confirme à leur manière.

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne? Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes
 
Montez de la mine, descendez des collines, camarades Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite Ohé, saboteur, attention à ton fardeau, dynamite  
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève
 
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute (

 

...