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     Sous l'occupation allemande, le régime collaborationniste du maréchal Pétain dissout les conseils municipaux en place, pour les remplacer par des organismes désignés par ses soins. Ainsi à Mantes-la-Ville, un certain nombre de patrons vont-ils administrer la commune. Et sans doute ne fut-ce pas un hasard si, à la Libération, l'ancêtre du MEDEF à cette époque est interdit.

     Mais pour l'heure donc, le conseil municipal aux ordres du régime de Vichy débaptise certaines rues à la résonance trop révolutionnaire comme la rue Robespierre, ou rappelant le Front populaire comme la rue Roger Salengro, ce ministre socialiste que la calomnie extrême poussa au suicide.

     Deux autres patronymes vont aussi être rayés des plaques en ces années noires, celui de Louise Michel et celui de Camélinat, Zéphyrin de son prénom. Eux deux ont participé activement à la Commune de Paris, ce bref évènement révolutionnaire dans l'histoire de notre pays et méconnu de beaucoup. Il emporta brièvement la capitale de la France du 18 mars au 28 mai 1871 et ne trouva un écho encore plus éphémère que dans les villes de Lyon, Saint-Etienne, Marseille, Toulouse, Grenoble, Limoges ou bien Narbonne. Cependant, il eut un retentissement important dans l'histoire sociale de notre pays et les revendications qu'il porta inspirèrent le mouvement ouvrier.

     Et cet épisode qui voulut , dans Mantes-la-Ville, en gommer la mémoire, va permettre de rappeler ce que la Commune de Paris fut , 140 ans après sa naissance.

 

     Ses origines et son histoire:

commune de paris001

     Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, à la tête de ses armées dont "pas un bouton de guêtre ne manque". Le 2 septembre, c'est la défaite de Sedan au cours de laquelle l'empereur se rend. La IIIe République est proclamée à Paris et les combats se poursuivent.

     Dans le Mantois, les troupes prusiennes sont obligées d'occuper la ville de Mantes par deux fois. Il y a des escarmouches tout autour avec l'ennemi, avec des morts et des blessés dans ses rangs, et ce jusqu'à la fin du mois d'octobre. Paris, quant à lui, est encerclé dès le 18 septembre et bombardé continuellement durant 132 jours. Mais sur ses fortifications, soldats et civils mêlés soutiennent un effroyable siège malgré le froid et la famine endurés. De ce fait, les envahisseurs ne peuvent pas prendre la capitale de la France.

     Mais le gouvernement provisoire de la République, dirigé par le général Trochu, prend peur de ce peuple parisien en armes. La bourgeoisie se souvient encore de la Révolution de 1830 et de celle de 1848 dont il fut le déclencheur.

     Le 28 janvier 1871, le gouvernement provisoire capitule. Le 8 février, on élit une Assemblée nationale, mais qui se délocalise à Bordeaux. Ladite Assemblée accepte que les Prussiens défilent dans Paris, supprime la solde de la Garde nationale (ces civils enrôlés comme soldats et dont beaucoup n'ont plus de travail) et met fin au moratoire sur les loyers, ce qui pénalise gravement les familles ouvrières sans revenu aucun. Et lorsqu'on apprend que l'Alsace et la Moselle font être cédées aux vainqueurs, l'exaspération va enfler, les sentiments de trahison et d'humiliation étant à leur comble.

     Le 10 mars, Adolphe Tiers, ancien ministre de la police du roi Louis-Philippe est nommé chef de l'éxécutif. Il choisit Versailles comme capitale du pays, une ville qui incarne tant l'Ancien régime. Le 18 mars, il ordonne à l'armée de s'emparer des 227 canons qui défendent Paris, artillerie payée par une souscription de ses habitants. Mais les soldats fraternisent avec les Parisiens, alors que leur général avait commandé par trois fois, de tirer sur la foule défendant ses canons.

     Aussitôt, Adolphe Tiers s'enfuit de Paris et se fixe à Versailles. Dans Paris, le Comité central de la Garde nationale s'installe à l'hôtel de ville et appelle à des élections. Elles ont lieu le 26 mars 1871.

      Bismarck, chancellier d'Allemagne, donne quitus à Thiers pour attaquer Paris. Le 2 avril 1871, les premiers combats ont lieu entre "Fédérés" de la Commune de Paris et "Versaillais". 130 000 miliaires contre 30 000 volontaires: remparts, bastions et les 500 barricades tombent les uns après les autres. Cela se termine par la "Semaine sanglante" du 21 au 28 mai 1871. 30 000 tués du côté des "Fédérés", 880 pour les "Versaillais". 40 000 Parisiens, femmes ou hommes, sont faits prisonniers. La plupart sont condamnés à la prison ou à la déportation dans les bagnes de Guyanne, d'Algérie ou de Nouvelle-Calédonie, ou fusillés. Louise Michel est déportée en Nouvelle-Calédonie. Zéphyrin Camélinat, lui, réussit à s'échapper et à rejoindre l'Angleterre. Ceux qui auront survécu à la déportation ou à l'exil ne seront grâciés qu'en 1880.

 

     Le programme politique de la Commune de Paris:

     L'oeuvre de la Commune de Paris va marquer en profondeur le mouvement ouvrier international du 19e siècle et anticiper les grandes avancées sociales du siècle suivant. Certes, dans sa très courte existence, tout son programme ne se réalisera pas. Mais elle a tenté de résoudre, à la façon de son époque, des problèmes sociaux ou sociétaux qui nous interpellent encore: 

     - abolition du travail de nuit et application de la journée de 10h.

     - élection d'un conseil d'autogestion dans les entreprises.

     - droit au travail et à la formation professionnelle pour les filles; à travail égal, salaire égal pour les femmes.

     - création d'un minimum de rémunération et limitation des salaires à 6 000F.

    - réquisition des logements vacants et création de bureaux d'assistance pour les familles et les personnes en difficultés.

     - association des femmes à la gestion de leurs quartiers.

     - interdiction de la prostitution.

     - officialisation de l'union libre avec les mêmes droits qu'un couple marié.

     - séparation des églises et de l'Etat.

     - instauration de l'école laïque, gratuite et obligatoire.

     - ouverture de bibliothèques, de théâtres et de musées.

     - liberté de conscience et liberté du travail dans le cadre d'une république compatible avec les droits du peuple. 

 

     Louise Michel et Zéphyrin Camélinat:

     Débaptiser certaines rues de Mantes-la-Ville, sous les années noires de l'Occupation et du régime de Vichy, n'est donc pas anodin. Il fallait, au non de la Révolution nationale prônée par le maréchal Pétain, tirer un trait définitif sur les idées de la Révolution française de 1789, du Front populaire et de la Commune de Paris dont Louise Michel et Zéphyrin Camélinat furent des figures majeures.

     Louise Michel dit la"Vierge rouge"(1830-1905):

     commune de paris002Insitutrice, adepte du mouvement révolutionnaire et républicain, collabore à divers journaux d'opposition au Second Empire comme Le Cri du Peuple.

     Sous la Commune de Paris, membre influent du Comité de vigilance de Montmartre. Elle participe aux combats sur les barricades. Elle est arrêtée et condamnée à deux années de prison en France. Elle est rejugée et déportée en Nouvelle-Calédonie.

     Là-bas, elle cherche à instruire les enfants des autochtones Kanaks. Autorisée à séjourner à Nouméa en 1879, elle devient l'institutrice des enfants de déportés, puis enseigne dans différentes écoles pour les filles.

     Elle est graciée en 1880 et revient en France. Elle va se vouer jusqu'à sa mort à l'anarchisme, ce qui lui vaut d'être plusieurs fois arrêtée et emprisonnée.

      Cependant, un prix français Louise Michel récompense chaque année une personnalité pour ses "vertus de dialogue, de démocrate et de paix". La promotion de l'Ecole Nationale de l'Administration (ENA) de 1984 porte son nom.

 

 

 

 

 

 

     Zéphyrin Camélinat (1840-1932):

     Ouvrier fondeur et ciseleur. Directeur de la Monnaie de la Commune de Paris. Exilé à Londres en 1871. Gracié en 1879. Participe à la création de la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO). Député socialiste de Paris de 1885 à 1889. Adhère au PCF en 1920 à son congrès fondateur de Tours. Trésorier de la SFIO, transmet les actions du journal l'Humanité au PCF qui en fait son organe de presse. Premier candidat communiste à une élection présidentielle, celle de 1924.