Pagaille à la SNCF
Tel était le gros titre du Figaro de ce samedi 8 octobre. Bon, je ne lis jamais le journal de la droite et du patronat. Mais les télés ont tant passé en boucle cette une, que force m'est de réagir. Surtout que furent tues les responsabilités énormes de la SNCF avec sa politique de réduction des effectifs et sa pantalonnade grotesque à ne pas trouver des candidats pour les postes encore budgétisés.
Oui, les usagers des chemins de fer ont été pénalisés par le mouvement spontané des cheminots à bord des trains chargés du contrôle et de la sécurité des voyageurs. Mais devant cette insupportable agression sur l'un d'entre eux, que fallait-il faire, face à la SNCF qui ne cesse de faire la sourde oreille devant la désertification croissante des gares et des trains? Lui écrire un courrier, en signalant qu'elle n'était pas du tout gentille de ne pas entamer une discussion à ce sujet avec les syndicats, et envoyer une boite de chocolats au contrôleur agressé?
Restons sérieux. La sécurité ferroviaire se dégrade et l'entrée des circulations des sociétés privées n'arrange rien, même si les médias de la concurrence libre et non faussée se taisent sur les incidents qui parsèment le réseau français. Et à partir du 1er janvier 2012, ce sont les trains de voyageurs privés qui vont aussi circuler sur les installations financées par tous les citoyens de France.
La sécurité des voyageurs est engagée, comme ne cesse de le dénoncer la Fédération CGT des cheminots. D'ailleurs, la presse régionale est éloquente à ce sujet pour en convaincre les plus sceptiques. En effet, quel usager du transilien, en heures creuses, ne s'est pas effrayé, dans sa rame crasseuse, de faire une mauvaise rencontre, entre deux gares désertes et avec pour unique cheminot à bord, le conducteur isolé dans sa cabine? Les transiliens ne roulent plus qu'avec un seul agent, lequel, aux heures en pointe, lors d'un incident, doit gérer la sécurité de milliers de personnes et remédier à la fois à un problème technique. Sur les grandes lignes, ce n'est pas mieux, puisque la SNCF s'est donnée pour objectif de réduire aussi au maximum le nombre de cheminots à bord.
Le mouvement spontané des contrôleurs l'a forcée à ouvrir des discussions dès ce lundi. Pourquoi ne pas les avoir engagées avant? Silence du côte du Figaro. Mais quand ce journal, au cours de son histoire, fut-il du côté des petites gens et des salariés?
Le directeur de l'Express, qui émarge désormais sur I télé, y est allé aussi de sa petite musique. Moraliste, lui qui, il y a peu, touchait des piges sur LCI et qui "chronique" maintenant sur le satellite de Canal+. Pour toucher moins?
A la SNCF, pas de pige en plus de son salaire, monsieur de l'Express, de I télé et peut-être d'autre part. Oui, pas de pige pour mettre du beurre dans ses épinards. Même pas de beurre du tout d'ailleurs, comme pour l'ensemble du salariat.