Mes chers compatriotes
Je ne vous mentirai pas, la situation économique actuelle de la France n'est pas fastoche. Je ne vous mentirai pas, comme hier je ne vous ai pas menti, en vous affirmant que je serai le président de l'augmentation du pouvoir d'achat. N'ai-je pas augmenté de 140% le salaire du président de la République et impulsé l'envolée mirifique des bénéfices du CAC 40 en 2010? Certes, il reste la prime pour le partage des bénéfices. Ne vous inquiétez pas, elle arrivera pour le 25 décembre au matin. Le père Noël me l'a promise, et lui comme moi, nous ne mentons jamais.
J'avais aussi promis que la France serait une grande puissance internationale reconnue. Et bien, j'ai donné au FMI madame Lagarde. Elle était avocate d'affaires (tiens comme moi, quelle coïncidence). Elle a été grand argentier de notre pays (tiens comme moi aussi, quelle autre coïncidence). Et elle a plein de bonnes idées pour résoudre la crise. Rappelez-vous, celle de circuler à bicyclette pour économiser du carburant. Je l'attends d'ailleurs pour discuter de la zone euro. Elle est un peu en retard. Sans doute aura-t-elle crévé un pneu en chemin, les routes de la Grèce ne sont plus entretenues depuis que monsieur Papandréou a supprimé les cantonniers.
Grande puissance ai-je dit pour la France. Et bien c'est fait, mes chers compatriotes. Depuis que nous avons intégré le commandement militaire de l'Otan, nous le sommes devenus. Pour rien ou presque, derrière la bannière étoilée du pays qui détient une statue de la Liberté. Pour rien ou presque, c'est monsieur Longuet qui me l'a affirmé. C'est le ministre de notre défense nationale intégrée dans l'Otan. Sur les dépenses militaires que cela coûte, je ne peux pas vous dévoiler un seul chiffre. C'est classé, figurez-vous, secret défense.
Bon, revenons au présent et à cette crise. Prenons toutes nos responsabilités, moi avec mes bons amis de la droite et du patronat, et vous avec vos yeux pour pleurer. Voilà donc ce que je vous propose: prendre un peu plus d'austérité pour éviter le pire demain.
Que diriez-vous, si les bons conseillers de l'Elysée faisaient grève pour une augmentation salariale, faute d'argent public? Que diriez-vous si l'un du CAC 40 n'avait plus de pèze pour faire repeindre le mât de son yacht, faute de stocks options? Que diriez-vous si madame Lagarde marchait à pied, faute de pneus pour réparer sa très vieille bicyclette? Et si monsieur Longuet n'avait plus de cirage pour les brodequins de monsieur Obama?
Aussi, point de longs discours. Vous avez un jeu de télé réalité sur TF1 et je m'en voudrai de vous faire manquer le début. Aussi lisez la Vie Ouvrière de cette semaine, plus particulièrement le dessin de Faujour. Celui-ci résume assez bien, ma foi, mes idées pour réduire la crise.
Allez, mes chers compatriotes, à mai de l'année prochaine. D'ici là, dormez toujours sur vos deux oreilles. Il n'y a que comme cela que vous êtes heureux, depuis que des sauveurs suprêmes, des dieux, des césars, des tribuns gouvernent votre vie depuis le commencement des siècles.