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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

     Même Le Figaro, le porte-voix journalistique de la droite et du patronat en convient: le succès du rassemblement du Front de gauche à Paris, ce dimanche 18 mars 2012, en interpelle plus d'un. Et pour ma part, je ne boude pas absolument pas ce fort mouvement populaire intervenu hier dans la capitale de la France, autour de Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle.

     Le PS et son candidat en ont aussi mesuré les conséquences, avec Ségolène Royal, par exemple, déclarant hier que les socialistes étaient les alliés du Front de Gauche. Seule, Cécile Duflot, la patronne des écolos, a pris l'eau en objectant que se rassembler à la Bastille et célébrer la Commune de Paris avait un goût de naphtaline. Ce n'est pas l'expression exacte de ses propos, mais le fond y est, je vous l'assure.

     Oui, Jean-Luc Mélenchon a débuté son discours par la Bastille de la Révolution de 1789, par le temps des cerises propre à la Commune de Paris et par les jours heureux, titre du programme politique du Conseil National de la Résistance. Rien qu'à ces trois évocations, qui peuvent sans doute ne rien dire à la mémoire de madame Duflot, j'ai senti que le printemps des idées était de bonne heure cette année.

     Ceci dit, le chemin est long pour des lendemains qui chanteraient pour le peuple de France. Et une hirondelle ne fait jamais le printemps. Rappelons que l'élection présidentielle se fait à deux tours et qu'au deuxième, le vainqueur applique seul son programme, tout en pouvant en disposer à son gré durant tout un quinquennat. Pour inverser ceci, il ne suffit plus des meilleurs accents tribunitiens, ni que le Front de gauche dispose d'un maximum de députés lors des législatives de juin. Il faut que le mouvement populaire qui a pris son essor à la Bastille, ce dimanche, se poursuive dans la rue, dans les entreprises et dans la société. Avec à son service une authentique organisation révolutionnaire.

     Sinon, après les élections (que j'espère défavorable aux privilégiés et au patronat), on privatisera ce qui restera de services publics, sans augmenter le Smic à 1700 euros et la grille des salaires dans les boites par exemple, tout cela toujours au nom de la sacrée loi capitaliste de la concurrence libre et non-faussée.

 

     Mais, pour l'heure, je ne boude pas mon plaisir. Ce dimanche, le peuple était dans la rue, toutes générations confondues, pour la première fois depuis longtemps. Aussi, pour réfléchir et agir ensemble, l'article de Marie Kostrz, dans rue89, daté du 18/03/2012 à 18h56 précises.

     Il est titré: Mélenchon a sorti les militants du PC de la naphtaline.Imprimer

 

Jean Flégeo, maire PCF de Saulx-les-Chartreux, place de la Bastille, le 18 mars (Marie Kostrz/Rue89)

 

   « La campagne que fait Mélenchon, c'est magnifique. » Michel le garantit, son ami Jean hoche la tête en signe d'approbation. Les communistes venus spécialement de Bordeaux pour écouter le candidat à la Bastille le jurent : le temps où les membres du PCF doutaient de Mélenchon est révolu.

En juin dernier, au moment de choisir quel serait le candidat du Front de Gauche à l'élection présidentielle, Michel avait pourtant donné sa voix à André Chassaigne, concurrent de Jean-Luc Mélenchon. « Un vote de cœur » plus qu'un vote de raison :

« Chassaigne a fait beaucoup pour le PCF, notamment en Auvergne où il est député. Mais il est vrai que Jean-Luc Mélenchon est meilleur rassembleur. »

   Le 1,93% glané par la candidate Marie-George Buffet en 2007 fait en effet pâle figure par rapport aux 11% d'intentions de vote données à Jean-Luc Mélenchon.

 

   Bonnet phrygien sur la tête et rouge à lèvres assorti, Emmanuelle Parent s'en réjouit :

« Jean-Luc Mélenchon dit toute la colère de la société par rapport aux problèmes qu'elle rencontre. Je prends le train tous les jours pour aller travailler et avec les passagers, on en discute beaucoup. Jean-Luc Mélenchon convainc en dehors du PCF. »

   « L'orateur qui passe bien » a ainsi balayé les « prudences » des militants PCF pour qui une élection sans candidat communiste pouvait comporter des risques. Jean Flégeo, maire PCF de Saulx-les-Chartreux (Essonne) salue la clarté du propos de Jean-Luc Mélenchon :

« On comprend tout de suite ce qu'il veut dire. Au village, ceux d'entre nous qui étaient un peu réticents ont changé d'avis après deux ou trois discours. »

   Il rappelle que la campagne est avant tout « un projet de société ». Ce qui plaît est que les militants travaillent sur la base d'un programme commun élaboré en partie par le PCF. Et qui leur convient.

Pablo Livigni place de la Bastille, le 18 mars (Marie Kostrz/Rue89)

   Pablo Livigni, 19 ans, porte son drapeau bien haut. Ce militant des Jeunes communistes n'a pas non plus l'impression que les militants PCF ont été noyés dans la campagne du Front de Gauche. Selon lui, sur le terrain, le PCF est très présent « puisque c'est lui qui amène le plus d'argent et de militants ».

   Il explique que le parti « fait profiter les autres formations plus jeunes, comme le Parti de Gauche, de sa grande expérience militante ».


Des militants communistes place de la Bastille, le 18 mars (Marie Kostrz/Rue89)

 

   Lui ne voit que du positif dans la campagne du Front de Gauche car le PCF en sort grand gagnant. Troisième formation politique de France en nombre de militants, le Parti communiste apporte le gros des troupes du Front de Gauche.

   Il assure que depuis la création du Front de Gauche, le mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) voit son nombre d'adhérents augmenter. Une tendance qui continue avec la campagne électorale.

   Un renouveau du PCF ? Une adhérente de Seine-et-Marne confirme :

« Le PCF, on ne va pas dire qu'il sentait la naphtaline mais presque ! »

   Elle apprécie la notoriété nouvelle qu'acquiert son parti grâce au Front de Gauche :

« Sur les marchés, lorsqu'on fait du porte à porte, on se rend compte que les gens sont plus ouverts à la discussion car ils disent : “Ah oui, c'est Jean-Luc Mélenchon.” Les gens associent vraiment le Front de Gauche au PCF. On change notre image, c'est sûr. »

   L'engouement Mélenchon transforme Dominique Roussier, de la même section PCF, en joyeux poète :

« Mélenchon, il est comme le printemps, il renouvelle l'espoir. »


Des militants communistes place de la Bastille, le 18 mars (Marie Kostrz/Rue89)

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