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Publié par le Mantois hier et aujourd'hui

     Ce dimanche fut le 70ème anniversaire du massacre des 27 otages du camp de Châteaubriant, durant la Deuxième Guerre mondiale. Ils furent fusillés par l'occupant nazi. Mais ils furent désignés au peloton d'exécution par le ministre de l'Intérieur de Vichy, Pierre Pucheu, par ailleurs industriel et figure de proue du patronat français. Le 22 octobre 1941, retentirent trois salves assassines. D'autres suivront à Nantes, au Mont-Valérien et partout en France.

     Ce 70ème anniversaire de la mort de 27 patriotes est l'occasion de rappeler la collaboration absolue du régime de Vichy et du patronat avec le IIIe Reich hitlérien. Et cette collaboration de l'Etat français est encore plus indigne qu'elle a devancé souvent les ordres des Allemands.

     Aucun otage fusillé, guillotiné, envoyé en déportation ne fut le fruit du hasard. 9 d'entre eux proviennent du camp d'Aincourt, en Seine-et-Oise, le premier de ces lieux d'internements ouverts en France occupée. Les Allemands n'en n'ont pas fait la demande, mais ils vont y puiser des otages à volonté. Durant son existence, Aincourt, comme tous les autres camps, est sous l'autorité du préfet et gardé par des gendarmes français, sans aucune sentinelle allemande en ses abords. Il ouvre le 5 octobre 1940, suite à une rafle en région parisienne, par la police française, de militants du PCF interdit et de dirigeants de la CGT chassés de cette confédération par Léon Jouhaux et René Belin en 1939.

     L'affiche clandestine ci-dessous tente d'aviser, de cette ignominie, une population bien amorphe après l'armistice conclue avec l'Allemagne nazie par Pétain et le coup d'Etat de ce dernier renversant la République.

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     Dans Aincourt, les internés sont classés en fonction de leur dangerosité par rapport à Vichy, grâce à des enquêtes minutieuses instaurées par la direction du camp et aux fiches de police obtenus des Renseignements généraux. Ainsi, les plus dangereux parmi eux seront les premiers otages offerts à la vindicte hitlérienne par l'administration française. 9 tombent donc à Châteaubriant, 7 au Mont-Valérien. Et sur la masse adressée par le directeur du camp aux Allemands, 80%  ne reviendront pas des camps de la mort. De plus, le préfet de Seine-et-Oise, avise les autorités d'occupation, en allemand, de chaque transfert de prisonniers vers un autre lieu d'internement, sans que celles-ci n'en aient fait la demande.

 

     A l'heure où l'on cherche à effacer les combats de la Résistance et le programme politique du Conseil National de la Résistance, les démocrates ont intérêt à ne pas se laisser déposséder de cette histoire. En France occupée, le patronat était tout voué à la collaboration avec le IIIe Reich et l'extrême droite composait le gouvernement de Pétain.

     Aujourd'hui, les employeurs et ses alliés n'ont de cesse de détricoter les acquis démocratiques de la Libération. Est-ce un hasard? Et la bête immonde, vêtue plus ou moins d'habits ordinaires, continue de hurler au présent.

     Dès lors, contre les uns et les autres, les mots résistance et combat doivent-ils toujours s'inscrire dans ce même présent.

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