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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Peut-être pour mieux comprendre, courte histoire de la CFTC et de la CFDT qui s'en détache en 1964

La CFTC -Confédération française des travailleurs chrétiens- a fêté son centenaire en 2019. En effet, elle est née le 2 novembre 1919, aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Elle aurait pu se dénommer confédération française des travailleurs catholiques car elle se réfère à la doctrine sociale de l’Église définie par l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII.

Qu'ordonne l'Eglise de Rome en matière sociale?

Avec le développement de l’industrialisation, une nouvelle réalité sociale apparaît, celle de la classe ouvrière. Majoritairement chrétiens, les ouvriers vont contester les fondements de la société, églises comprises, au nom du socialisme ou de l’anarchosyndicalisme. Contre cela, la papauté édicte son encyclique en 1891.

 

Un chapitre est une condamnation du socialisme, théorie pour l’abolition de la propriété privée, droit naturel imposé par Dieu sur terre. L’homme, contrairement à l’animal, a un droit naturel d’être propriétaire. Des lors, l’abolition de la propriété vide les droits légitimes du propriétaire et bouleverse la société. Et sans propriétaire, plus de travail pour les classes inférieures et donc aucune amélioration de leur situation. Conclusion : la propriété et le travail de l’ouvrier sont indissociables.

 

L’encyclique accepte aussi différences et inégalités liées à la nature humaine. Dans la Genèse, livre fondamental du christianisme, ces différences constituent une richesse entre ceux qui savent et ceux qui ne sauront jamais. Le pape réaffirme que le travail doit être synonyme de douleur et de souffrance, il condamne les « utopies » qui disent le contraire. Pour Léon XIII, le capital et le travail sont complémentaires pour contribuer au bonheur de la société, quand la lutte des classes est contraire à l’épanouissement de l’humanité.

 

Les devoirs de l’ouvrier sont de réaliser correctement son travail et de présenter des revendications exemptes de violences. Le patron doit respecter sa dignité et se soucier de ses intérêts spirituels. Les patrons doivent donner un juste salaire au labeur de leurs ouvriers. Sinon,  ils devront « rendre à Dieu, leur juge, un compte très rigoureux de l'usage qu'ils ont fait de leur fortune. »

 

Dans son quatrième chapitre, l’encyclique ordonne à l’État d’empêcher les changements contraires à l’intérêt commun et à la nature voulue par Dieu. L’État doit aussi promouvoir les droits pour la famille chrétienne, notamment en assurant le repos dominical afin d’assister aux offices religieux.

 

Dans son dernier chapitre, Léon XIII approuve la formation de syndicats et de corporations pour protéger les intérêts et les droits des chrétiens, employeurs et ouvriers.

 

De ce fait, pour contrer la "révolutionnaire" CGT créée en 1895, le syndicalisme d'obédience catholique espère former une confédération en 1914. Mais la Grande Guerre éclate.

 

Dès sa création, la CFTC condamne la grève. Lors de la grève générale qui soutient celle des cheminots de mai 1920, l’abbé Six, le penseur de la confédération chrétienne, écrit: « Courageusement, la CFTC donne l’ordre de rester au travail et ses milliers de syndiqués firent un tel barrage que le flot révolutionnaire s’y brisa. Quelques jours après, M Millerand, président du Conseil, en recevant les délégués du syndicat chrétien, se plut à reconnaître l’attitude patriotique d’une organisation qui s’est révélée, dit-il, comme un point de cristallisation particulièrement précieux pour tous les travailleurs épris d’ordre et soucieux de la paix sociale. Du reste, le seul motif de cette grève étant la nationalisation et l’agitation d’ordre politique et révolutionnaire, nous sommes restés à notre poste, non pour faire punir les autres, mais parce que c’était notre devoir ».

 

En 1936, la CFTC n'est pas partie prenante de la grève générale et de l'occupation des lieux de travail. Ce n'est que forcée par certaines de ses bases, qu'elle s'y range beaucoup plus tard. De ce fait, elle n'est pas présente aux Accords de Matignon entre le gouvernement, le patronat et la CGT.

 

A la Libération de la France, la CGT propose à la confédération chrétienne une fusion organique sur la base des forces organisées au sein de deux centrales ouvrières:« Sur le terrain syndical, les ouvriers ne se regroupent pas par affinité politique ou religieuse. Ils ont pour cela leurs partis et leurs Églises. Sur les revendications économiques, les ouvriers, quelles que soient leurs opinions, pensent de la même façon ». La CFTC refuse catégoriquement, soutenue en l'espèce par l'Eglise de France.

 

Scission dans la CFTC et création de la CFDT

 

Etienne Deschamps, secrétaire général de la CFTC, déclare au 31e congrès de la centrale chrétienne, en novembre 1964: : «En réalité, la CFTC est déjà la Confédération française démocratique du travail. La présence en son sein de chrétiens et de non chrétiens, de juifs, d’agnostiques et de musulmans, fait qu’elle est déjà cette grande centrale que les travailleurs attendent. » Il rajoute pour se concilier les opposants : «La CFTC ne croit pas au déterminisme de l’histoire. C’est pourquoi nous ne sommes pas marxistes». Les minoritaires n’entendent pas son appel. Ils quittent le congrès et refondent aussitôt une « CFTC maintenue ».

 

Maurice Boudaloux, président de la Confédération  internationale du syndicalisme chrétien, avait clos le congrès ainsi : « Fidèles au passé et marchant vers l’avenir, vous ferez de la CFDT l’instrument de la libération de la classe ouvrière. »

 

Lors du grand mouvement social du 24 novembre au 15 décembre 1995 contre le plan Juppé, la CFDT amenée par Nicole Notat, sa secrétaire générale, soutient le gouvernement de Jacques Chirac. Les contestataires au sein de la CFDT, parties prenantes du mouvement, vont créer une nouvelle organisation syndicale en janvier 1998 : l’Union syndicale Solidaires. Lors du conflit contre la loi sur le travail, la CFDT, dirigée par Laurent Berger, soutient le pouvoir socialiste. La CFTC est également favorable à cette loi.

 

Et aujourd'hui?

 

C'est la compromission de la CFDT et de la CFTC sur l'assurance chômage avec le patronat et le pouvoir des riches et du capital. Quant à la réforme anti-sociale des retraites...

 

Côté SNCF, l'UNSA dérive de l'ancienne organisation catégorielle de la maitrise et des cadres FMC. La CFDT a absorbé la fédération catégorielle des agents de conduite, laquelle fut un parfait partenaire social que la SNCF soit sous un gouvernement de gôche ou de droite.
 
Au niveau national, l'Unsa a été formée de divers syndicats dits autonomes dont la FEN, fédération de l'éducation nationale, créée d'une scission de la CGT en 1947.
 
Chacun peut remarquer que chaque scission syndicale entraine de nouvelles organisations syndicales. A mon avis, du pain béni si j'ose dire pour le capital et ses commis dans les gouvernements de droite ou de gôche.

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O
Pourquoi écrire "gôche" et non "gauche" ?
Répondre
L
Ce n'est nullement une faute d'orthographe. Pour ma part, la gôche est la gauche qui a renié l'espérance du progrès et de la justice sociale dans la société. La social-démocratie, qui cherche à humaniser le monstre qu'est le capitalisme, en reste l'exemple.