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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

La juriste italienne Francesca Albanese reconduite rapporteure spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens

Le 28 mars 2025, 43 députés français de droite, dont une majorité de macronistes, avaient écrit au ministre des Affaires étrangères pour s'opposer à cette reconduction. Le Conseil représentatif des institutions juives en France était aussi monter au créneau le 28 mars. Dans la libre Amérique de Donald Trump, des élus du parti au pouvoir avaient interpellé directement  le président du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour bloquer la reconduction de Francesca Albanese.

Dans Off Investigation, la juriste, reconduite, répond:

Meriem Laribi : Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il s’est passé au sujet du renouvellement de votre mandat de rapporteur des Nations unies sur les territoire palestiniens ?

Francesca Albanese : « Mon mandat a été renouvelé automatiquement, tacitement comme on dit, il n’y a pas eu de vote. On a fait beaucoup de bruit en dehors du Conseil des droits humains, il y a même eu une quarantaine de parlementaires français qui ont trouvé le temps, non pas de regarder ce qui se passe en Palestine où presque 18 000 enfants ont été tués à Gaza seulement, mais ils ont ont trouvé le temps de me diffamer sur des choses qu’il est clair qu’ils ne maîtrisent pas, ils devraient avoir honte.

Ce qui s’est passé au niveau du Conseil des droits humains, c’est qu’il n’y a pas eu de vote. S’ils voulaient bloquer mon mandat, il fallait demander un vote auprès du Conseil, mais cette situation n’a pas eu lieu. [Par contre,] il y a eu le résultat d’une investigation au sujet d’accusations contre moi, selon lesquelles j’aurais eu des propos antisémites : ce n’est pas vrai, l’antisémitisme c’est la haine envers les juifs et les juives. Ce que je fais c’est critiquer fortement l’Etat d’Israël qui maintient une occupation illégale, sous nos yeux à toutes et tous, qui pratique l’apartheid, et qui aujourd’hui est en train de commettre des actes de génocide. Je ne suis plus la seule à le dire, c’est de plus en plus prégnant dans le milieu des droits de l’homme mais aussi parmi les historiens du génocide […], est-ce que ça c’est de l’antisémitisme pour quelqu’un ? [Si] oui, c’est idiot : comment on peut confondre quelque chose qui évoque la page la plus sombre de notre histoire et qui continue – je sais que l’antisémitisme existe et je me bats jour après jour contre toute forme de racisme – […] avec la critique légitime de l’Etat d’Israël pour ses violations du droit international ?

On m’accuse de soutenir le terrorisme mais je parle du droit à la résistance qui est inscrit dans le droit international, documentez-vous, demandez à vos institutions de droit international si le droit à la résistance existe ou pas ! Israël occupe illégalement ce qui reste de la Palestine historique. Et là, les Palestiniens ont le droit à la résistance, ça n’a rien à voir avec le 7 octobre. Je n’ai jamais soutenu ou félicité le Hamas pour ce qu’il a fait, j’ai condamné les crimes du Hamas contre les civils israéliens le 7 octobre, avant le 7 octobre et après le 7 octobre. […] C’est [désormais inscrit] noir sur blanc que je n’ai jamais violé le code de conduite de manière persistante. C’est vrai que j’utilise les réseaux sociaux de façon forte mais c’est parce que ce qui se passe autour de nous n’est pas normal. Je vais continuer mon mandat dans l’esprit, toujours, de garder des contacts positifs et constructifs avec les Etats-membres mais en continuant à leur rappeler ce que sont leurs obligations en matière de droit international. »

Meriem Laribi : Ressentez-vous des pressions ? Il y a des organisations influentes comme le Crif, il y a ces députés français , aux Etats-Unis aussi il y a eu des pressions. Comment vivez-vous à titre personnel ces pressions ?

Francesca Albanese : « La pression que je ressens, c’est [celle] des gens qui continuent à mourir jour après jour, n’importe qui : des journalistes, des médecins, des artistes… N’importe qui : des hommes, des femmes, des enfants… Ils sont tués parce qu’ils sont Palestiniens, c’est la seule raison pour laquelle ils meurent. Aux gens du Crif, je dirais : vous n’avez pas honte de diffamer quelqu’un qui dénonce tout ça ? Vous n’avez pas honte ? »

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V
merci MADAME.
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