Louis Racaud, cheville ouvrière oubliée de la Résistance dans le Mantois
La préparation de notre nouvelle expo Cheminots dans le Mantois et Résistance, par l'IHS CGT de la région mantaise, permet de remettre les pendules de la mémoire à l'heure. Louis Racaud est oublié dans la bibliographie des militants ouvriers du Maîtron. Sud-rail, gestionnaire des activités sociales de la région SNCF de Paris-Saint-Lazare, a rayé son nom au fronton du nouveau centre de loisirs et la bibliothèque de la région mantaise. Celui-ci se dénomme aujourd'hui "Quai des loisirs".
Et les zautorités compétentes, qui ont inauguré la nouvelle gare de Mantes-la-Jolie, dont le député Nupes-groupe écologique- n'ont pas vu que la SNCF avait "omis" de replacer la stèle des cheminots et résistants tués lors de la Deuxième Guerre mondiale.
L'histoire débute donc avant-guerre avec l'internement administratif de Paul Greffier, secrétaire général de la CGT-cheminots du Mantois. Après la signature du pacte de non-agression germano-soviétique et l'interdiction du PCF, Paul Greffier, communiste, est chassé de la direction du syndicat. Arrêté en distribuant un tract communiste sur le marché de Mantes-la-Jolie, il est interné dans le camp de Saint-Sulpice-la-Pointe, dans le département du Tarn. D'autres cheminots vont être internés à Aincourt, sous l'Etat français collaborationniste de Pétain.
Louis Racaud, sans fonction syndicale importante, est lui mobilisé lors de la Deuxième Guerre mondiale et fait prisonnier par les Allemands.
Le 22 juin 1940, l'armistice, signée par le gouvernement de Pétain, place la SNCF sous l'autorité directe de l'Allemagne nazie, par la Verknsdirektion siégeant à Paris, avec un cheminot allemand du parti hitlérien pour 5 cheminots français.
Afin d'activer la SNCF pour l'économie de guerre nazie et le pillage de la France, le Reich hitlérien libère des agents qualifiés de la SNCF prisonniers de guerre. Louis Racaud, ajusteur aux ateliers du dépôt de Mantes, est de ce nombre. En août 1940, il retrouve sa villa natale et son emploi.
Le 25 août 1940, il dirige l'embryon de 4 résistants communistes dans le Mantois: l'Organisation spéciale qui deviendra les Francs-Tireurs et Partisans Français. Dans le même temps, il forme dans le dépôt un Comité populaire -la CGT clandestine-, premier triangle de résistance communiste avec Roger Brunel, service intérieur, et André Bruneau, conducteur.
Les Comités populaires sont chargés de récolter la solidarité financière envers les cheminots internés et leurs familles. Ils doivent fomenter des revendications et distribuent les premiers tracts de résistance.
Les directions du chemin de fer débutent, elles, une politique franchement fidèle à l'état pétainiste. Ci-dessous:
« AVIS IMPORTANT » du Chef de dépôt de Mantes
Vu l’article 20 de l’Ordre général n°38 du 1er juillet 1941 : Interdiction aux agents de se livrer à des manifestations dans les emprises du chemin de fer.
En conséquence, il est interdit de se livrer à des manifestations de quelque nature qu’elles soient (politiques, syndicales, etc.) et de faire une propagande quelconque à l’intérieur des gares, ateliers, dépôts, bureaux, chantiers et autres lieux de travail situés dans les emprises du chemin de fer.
Je pense qu’il aura suffi de rappeler ces prescriptions au personnel pour qu’elles soient rigoureusement respectées sans qu’il soit besoin de prendre des sanctions très graves contre les agents qui ne voudraient pas s’y conformer.
Mantes, le 15 août 1941.
Le 17 décembre 1943, avec la création du Comité clandestin de libération du Mantois, qui réunifie les mouvements de résistance, Louis Racaud en est le vice-président au nom des FTPF. La réunion secrète se tient au premier étage du Café de Paris, place du Marché-au-blé à Mantes-la-Jolie.
Louis Cauzard (Libération-Nord) en est président; René Martin (Front national pour l'indépendance de la France) et Louis Racaud (FTPF) vice-présidents ; Anatole Nicolle (PCF) et Michel Touly (OCM) en sont membres. Ils décident de coordonner leurs actions pour préparer les conditions en vue d'un prochain débarquement allié sur les côtes françaises.
De 1956 à 1969, Louis Racaud devient le secrétaire général de l'Union locale CGT de la région mantaise. Par la suite, il est l'un des dirigeants de l'UD CGT 78.