Attention, attention, le train en provenance de Paris-Saint-Lazare entre en gare de Mantes-Station!
A l'approche de 2023, quelques histoires sur le chemin de fer de Paris à Rouen, dont le train inaugural traverse le Mantois, le 3 mai 1843
Locomotive Buddicom
Le 3 mai 1843, le train inaugural de la ligne Paris-Rouen s’arrête à Mantes-Station, construite à cette époque sur le territoire communal de Mantes-la-Ville. Elle est terminus des omnibus venant de Paris-Saint-Lazare et de la capitale normande, et arrêt obligatoire des express pour alimenter en eau et charbon la locomotive à vapeur Buddicom.
Mantes-Station, comme station, gare en anglais. Et Buddicom comme l’industriel britannique, patron des ateliers de Sotteville-lès-Rouen, qui vend ou loue sa production de locomotives, de wagons marchandise et de voitures voyageur à la compagnie ferroviaire.
C’est l’ingénieur britannique Joseph Locke qui conduit le premier train. Il a été aussi l’ingénieur en chef dans la construction de la ligne ferroviaire. Avec lui, ont traversé la Manche, des financiers, des industriels et des milliers d’ouvriers spécialisés dans la construction du chemin de fer.
De ce fait, les Britanniques siègent à parts égales dans l’administration de la compagnie du Paris-Rouen. Les gares sont construites en briques rouges par des maçons anglais et l’entrée du tunnel de Bonnière-sur-Seine est ornée dans la pierre par les armoiries de la couronne britannique. Les écartements des rails sont à la cote anglaise et les trains circulent à gauche, encore aujourd’hui. Sauf en Alsace-Moselle, annexée à l’Allemagne après la défaire française de 1870. Les premiers règlements sont aussi édités en français-anglais pour les cheminots.
Technologie britannique qui perdure aujourd’hui avec nombre de mots comme station, tunnel, ballast, express, truck ou wagon. De sorte que l’Académie française s’en émeut ainsi en 1856 : « On n’entend que des mots à déchirer le fer. Une bouche française semble broyer de verre et mâcher de la braise. Ah, qu’avons-nous besoin de ces termes bâtards pour prendre ces chemins merveilles de nos arts. »
Pour se rendre de Paris à Mantes-Station, il en coûte 6 francs de l’époque en 1ère classe, 4,50 francs en 2e classe et 3,25 francs en 3e classe. Les voyageurs de cette classe sont en voiture découverte. Les billets sont établis en 3 exemplaires. Y sont notés le nom du voyageur, date et lieu de destination, classe, numéro de la voiture et de la place du voyageur. Avec le billet numérique, avons-nous vraiment changer d’époque ?
Dans le dépôt de Mantes, c'est un Britannique qui forme les premiers conducteurs français. Au printemps 1848, premières grèves de cheminots français autour des gares parisiennes et des établissements annexes. Les grévistes sont congédiés et on réembauche des éléments jugés "obéissants" par les compagnies.
La Société fraternelle des mécaniciens et chauffeurs français, formée en juin 1848 sur le Paris-Rouen, est déclarée illicite et tout roulant se portant gréviste congédié. Elle revendiquait un salaire équivalent à celui des Anglais et de n'embaucher que du personnel français.
Toutefois, le 31 juillet 1850, l'assemblée générale des actionnaires de la Compagnie Paris-Rouen-Le Havre adopte la première caisse de retraite pour ses agents.
Mais ce n'est que le 4 août 1890 que se crée la Chambre syndicale des ouvriers et employés des chemins de fer français. En avril 1891, il recense 41 sections syndicales dans tout le pays, dénommés groupes à l'époque. Le groupe des cheminots de Mantes apparaît. Il ne syndique que les cheminots sédentaires.
Le 10 mars 1908, est fondée l'Union fraternelle des syndicats ouvriers de l'arrondissement de Mantes, auquel adhère le Syndicat national des travailleurs de chemin de fer (groupe de Mantes) dont le siège social est 2 rue d’Alsace à Mantes.
Auguste Goust, employé de bureau au chemin de fer, demeurant à Mantes, 40 rue Saint-Vincent, en est le président.