Toujours deux vitesses: une pour les cols blancs, l'autre pour les autres
Je reprends le texte de canaille le Rouge. C'est au sujet du pdg d'Orange, mis en examen pour escroquerie en bande organisé dans l'affaire Tapie. François II a ordonné que les représentants de sa majesté au conseil d'administration votent le maintien de Stéphane Richard à son poste. Tous les administrateurs ont suivi les désirs de l'Elysée. Sauf le représentant du syndicat SUD. Celui de la CGT s'est abstenu. (Tiens pourquoi?)
Imaginez, un soir, un jeune postier, ou cheminot, ou gazier, ou métallo, fait une connerie en bande organisée. Vol d'un scooter ou d'une bagnole pour aller mettre quelques thunes dans un bandit manchot. Pas très fin, c'est certain. Répréhensible ? A coup sûr et donc convocation chez les poulets, garde à vue puis le juge, interrogatoire et mise en examen pour vol en bande organisée. C'est la loi du genre.
De retour dans la boite, c'est déjà l'absence à régulariser sur les congés annuels et puisque le terme de vol est utilisé, la "mesure conservatoire" est envisagée. C'est aussi la loi du genre.
"La mise à pied conservatoire est une mesure préventive par lequel l’employeur met provisoirement à pied un salarié en le dispensant de travailler et en suspendant son contrat.
C'est une mesure prise généralement lorsqu'un licenciement est envisagé.
Concrètement le salarié est obligé de quitter son poste. C’est la sortie « à l’américaine » ; le salarié se voit remettre concomitamment sa mise à pied conservatoire et sa convocation à l’entretien préalable.
En théorie, cette mesure a pour objet de prévenir les situations de danger et de désordre pouvant résulter du maintien du salarié fautif dans l’entreprise. Toutefois l’employeur n’est pas tenu de prendre cette mesure facultative avant de licencier un salarié pour faute grave.
La durée de la mise à pied conservatoire est en général indéterminée dans la mesure où elle s’applique dans l’attente du prononcé de la sanction (du licenciement). Durant sa mise à pied conservatoire, le travailleur n'est pas rémunéré."
Le nombre de syndicalistes, qui ont "goûté" à ce genre de traitement souvent après plainte de leur taulier pour des pseudo violences en réunion, est pour le moins copieux (alors que le patron, comme tout patron qui se respecte, au nom du droit divin, se fait juge et partie). Le nombre d'autorisations de licenciement données par le gouvernement contre des responsables syndicaux sous le coup de telles accusations est aussi élevé que constant: syndicalistes dehors, mais passez avant par le conservatoire, on connaît la musique.
Imaginez maintenant qu'un quelconque haut responsable, ex fonctionnaire supérieur (et donc revêtu lors des faits en cause des impératifs et obligations juridiques de sa charge), soit mis en examen pour escroquerie en bande organisée à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de voitures ou de scooters. Pour qu'un des leurs se pète la groseille au Monopoly du système. Pas de conservatoire, sa tutelle connaît aussi la musique ; mais pour les "hors sol" jamais de conservatoire.
L'argument que Stéphane Richard est utile à la bonne marche de l'entreprise, alors qu'il est par la justice sous une accusation infamante et, pour un patron, disqualifiante, fait mesurer la nature du système.
Selon que vous serez puissant ou misérable, que vous serviez Hollande et le clan des notables, les jugements du château vous laisseront orange ou vous mettront sur le sable.
PS : La Canaille, en l'occurrence, a du mal à s'expliquer l'abstention du représentant de la CGT au CA de France télécom. Par moment, il faut savoir prendre date devant les méthodes et marquer la condamnation des dérives et des copinages diplomatico-affairistes.