Le président PS du Languedoc-Roussillon étrille sa copine ministre de la Culture
Dire qu'Aurélie Fillipetti, ministre de la Culture, ne s'est fait que des amis dans les Pyrénées-Orientales serait grandement mentir.
D'abord du public si j'en crois le journal régional l'Indépendant. On n'a pas du tout apprécié l'important dispositif de sécurité qui a protégé sa seule personne. Par exemple, elle avait à visiter le palais des congrès de Perpignan où se tenait le festival de photojournalisme Visa pour l'image. Et bien, blocage de tous les ascenseurs, ce qui a forcé le public à se coltiner tous les étages pedibus et le palais des congrès en compte 7.
Ensuite, madame Fillipetti, n'ayant pas daigné se déplacer au camp de Rivesaltes, à une roue de voiture de Perpignan, s'est attirée les foudres de son camarade de parti.
Christian Bourquin est sénateur des Pyrénées-Orientales et président de la Région Languedoc-Roussillon. Sur son blog, celui-ci arrive à la traiter presque de ministre des choux farcis (comme ceux que l'on sert dans des réceptions entre gens du même monde). Je force certainement le trait, mais le fond y est.
Mais pourquoi cette ire du patron PS de la Région? Et bien celle-ci porte le projet de faire du camp de Rivesaltes un lieu de mémoire. Et Christian Bourquin voudrait voir l'Elysée participer à ce projet. Mais silence radio depuis que dame Fillipetti loge à Paris, rue de Valois à Paris, autrement dit le Palais-Royal.
Avec la défaite de la République espagnole, vaincue par les armées fascistes du général Franco, la IIIe République française rouvre d'urgence l'ancien camp militaire de Rivesaltes dès 1938.
Ce n'est pas un centre de villégiature ouvert par la patrie des droits de l'homme, mais un camp d'internement qu'elle enroule de fils de fer barbelé et que garde l'armée française. C'est l'application du décret du 12 novembre 1938, autorisant le pays de la Révolution française a traiter de façon arbitraire et inhumaine "les étrangers indésirables". Les espagnols républicains vont donc connaître l'internement
Barcelone prise par les fascistes espagnols, le 26 janvier 1939, c'est pratiquement toute la population catalane républicaine qui franchit les Pyrénées. C'est la Retirada, la Retraire en espagnol. Rivesaltes va être surpeuplé et d'autres camps d'internements vont se créer à même les plage du littoral catalan français.
A Rivesaltes, seuls 9 îlots de baraquements sur 16 sont aménagés en lieux de détention. Après le coup d'état de Pétain, la République abolie, c'est son régime qui gère le camp.
Le 14 janvier 1941, il est officiellement inauguré par le régime de Vichy comme "Centre d'hébergement de Rivesaltes". Peu à peu, il devient centre de regroupement familial : Tziganes, espagnols et juifs étrangers subissent l'entassement dans les baraquements. Mais les hommes vont être séparés des femmes et des enfants, les garçons passant chez les hommes à partir de 14 ans. Les conditions de vie se dégradent avec l'afflux massif de toujours plus de personnes.
Mais les heures du camp de Rivesaltes s'assombrirent plus encore en août 1942. Le gouvernement de Pétain accepte des nazis que 2 îlots soient transformés en centre de triage et de transit des juifs. Cette partie devient officiellement le "Centre National de Rassemblement des Israélites". Au total près de 20 000 juifs passent par ces deux îlots.
En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone Sud, le camp redevient un lieu purement militaire pour les soldats d'Hitler.
Après la Guerre d'Algérie, ce sont les Harkis et leurs familles qui connaissent les baraquements du camp. Les derniers le quittent dans les années 1970.