Clément Méric, le crime et la République
Clément Méric ne verra pas un nouveau printemps. Le jeune engagé dans le combat antifasciste et le militant du syndicat étudiant Solidaires est tombé mortellement sous les coups de l'extrême-droite française.
Ce n'est surtout pas un simple fait divers entre bandes aux idées divergentes. C'est un crime contre les valeurs fondatrices de la République, la vraie, celle de la Révolution, celle des villes et de la campagne, celle du peuple qui toujours sut se lever pour défendre la patrie contre un ennemi extérieur ou intérieur. "Qu'un sang impur abreuve nos sillons", chante la Marseillaise à l'encontre de ces derniers.
Après l'assassinat commis contre Clément Méric, la droite est montée sur ses grands chevaux. "Cachez cette extrême-droite que je ne saurais voir", a semblé s'étouffer Copé le boss de l'UMP. Comme si dans un passé récent, ses hommes ne s'étaient pas liés avec le F haine pour gouverner des régions en Rhône-Alpes ou en Languedoc-Roussillon par exemple. Comme si son candidat Sarkozy, pour se faire réélire à l'Elysée, n'avait pas ratissé large les suffrages de l'extrême-droite. Et la droite a beau se mettre derrière la posture majeure du général de Gaulle lors de la Deuxième Guerre mondiale, peu de la droite conservatrice se sont retrouvés à Londres , encore moins dans la Résistance.
La kaiserine du F haine est aussi monté sur ses grands chevaux. "J'attaquerais tous ceux qui m'attaqueront sur ce sujet", a-t-elle claironné dans les télés bienveillantes hier. Comme si un coup de menton pouvait effacer de quel ventre est né son parti. Sans aller très loin, le 19 novembre 2011, la fille de son père avait inauguré sa campagne par un meeting dit "le banquet des mille", comme celui du 14 mars 1948, lorsque à Paris un ramassis d'anciens collabos et pétainistes protestait contre l'épuration.
Les spectres du passé brouillent toujours leurs propres traces en montant sur leurs grands chevaux. Mais ils auront toujours du sang au front.
Ils ont beau se draper derrière le drapeau de la Révolution française, ils n'en ont été jamais le sel, quand ils ne l'ont pas combattue à l'intérieur de la patrie ou dans les rangs des envahisseurs. Ils osent parler de liberté, d'égalité et de fraternité, quand ils ne furent jamais les précurseurs d'une seule conquête sociale ou sociétale.
Clément Méric fut à sa façon de ce combat libérateur pour plus de justice humaine et de progrès social.
"Il chantait lui sous les balles/ Des mots sanglant est levé/ D'une seconde rafale/ Il a fallu l'achever". Dans La ballade de celui qui chanta sous les supplices, le poète Aragon rend hommage en 1943 à Gabriel Péri résistant fusillé par les Allemands et, au-delà, à tous ceux qui tombèrent sous les balles nazies en entonnant la Marseillaise.