Y-a-t-il le feu aux lacs de Suisse?
67,9% des électeurs suisses ont dit oui à l'instauration d'un contrôle des salaires des patrons par les
actionnaires. C'est un sénateur et entrepreneur à la fois, Thomas Minder, qui est à l'origine de cette votation en Suisse. Beaucoup, dont les médias de la pensée unique en France, semblent
s'en féliciter. Notre premier-ministre trouve l'idée intéressante et la chef de l'Union européenne, Angela Merkel, également.
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Je suis peut-être con, mais quand un patron (surtout suisse) est encensé par la France social-démocrate et l'Allemagne de droite qui gèrent l'Europe pour le capitalisme, ça fait plus que me gratouiller. Aussi, j'ai mené ma petite enquête, sans doute parce que je n'ai pas de carte de presse.
D'abord, qui c'est ce Thomas Minder? Il est le boss d'une société de cosmétiques. Il a été élu sans étiquettes au Parlement pour finalement siéger dans le groupe de l'Union démocratique du centre (UDC). En fait de centre, Wikipédia annonce la couleur: l'UDC est un parti politique suisse "moralement conservateur et économiquement libéral".
Il se positionne comme "le plus à droite de tous les partis représentés au gouvernement". Fin de citation, comme aurait pu dire Pujadas au jt de France 2 s'il avait mené une enquête.
Parmi les thèmes souvent mis en avant par l'UDC, on trouve l'immigration les naturalisations, la "Grande Suisse" en prenant des terres à la France, l'Autriche, l'Italie et l'Allemagne. L'UDC est pour la limitation des aides sociales. L'UDC s'oppose aussi aux hausses d'impôts et à toutes nouvelles taxes.
En Gaule, le parti des Le Pen et consorts pense pile poil pareil. Mais en Suisse, comme il n'y a pas eu d'occupation nazie durant la Deuxième guerre mondiale, sauf dans les coffres-forts de ses banques, on dénomme ça Union démocratique du centre.
Oui, mais le Parlement fédéral suisse devra traduire cette votation en projet de loi tout de même, non?
Ben oui, mais qu'est-ce que ça changera?
Un exemple, chez Renault en France, le conseil d'administration (et donc les actionnaires), a bien voté le salaire mirobolant de son pdg.
En Helvétie, rien ne dit que les actionnaires sanctionneront la paye de leurs patrons. Entre 2009 et 2012, l'opposition des actionnaires aux propositions de rémunérations des dirigeants des cent premières entreprises cotées est de 14%. C'est dire.
Le dernier mot est pour le suisse Roff Soiron, pdg du cimentier Holcim et de la société de biotechnologie Lonza. Un qui si connaît en business international et en histoire de fric suisse: "Si une entreprise veut verser 25 millions à un haut dirigeant, elle trouvera toujours le moyen de le faire en dépit de l'initiative".
Allez, rappelez les pompiers, il n'y a pas le feu au lac en Suisse. Sinon de la pure démagogie entretenue par l'UDC, parti qui, je le rappelle, est à le plus à droite des partis qui sont à droite en Suisse.