Voutré (53): la route remplace le rail
Ceci est une image ancienne concernant les carrières de Voutré, dans le département de la Mayenne.
Depuis le 1er janvier 2012, les matériaux extraits de ces carrières ne sont plus acheminés en trains, mais en camions. Quand il faut 250 trains pour acheminer les 410 00
tonnes produites annuellement, il faut 16 400 camions pour palier au train et 22 000 passages.
Cette décision est non seulement anti-écologique, car elle renforce un mode de transport bien plus polluant que le train, mais elle représente aussi un problème de
sécurité routière dans la mesure ou elle provoque l'intensification du trafic: 16 400 camions par an, cela représente 47 camions par jour en comptant les week-end.
On est à des années-lumières du Grenelle de l'Environnement, dans lequel Nicolas Sarkozy avait nommé deux étoiles montantes de l'UMP, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet, façon de berner les gentils coeurs qui croyaient à des promesses en faveur de l'écologie et des hommes dans une société entièrement vouée au capital.
La suppression des 250 trains qui acheminaient toutes ces pierres, par la seule volonté de la SNCF (société 100% publique), qui a rompu le contrat existant, montre le miroir aux alouettes qu'a été le Grenelle de l'Environnement.
Dès l'annonce du transfert des 410 000 tonnes de matériaux du rail à la route, le syndicat CGT des cheminots du Mans est intervenu auprès des populations concernées, comme au niveau des pouvoirs publics. Ces derniers sont aux abonnés absents. Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge du ministère de l'écologie, a démissionné pour devenir la porte-parole du président-candidat du peuple. C'est le premier ministre qui est désormais ministre en titre. Mais François Fillon, pourtant élu de la Sarthe, département voisin de la Mayenne, n'a que faire de tout ce tintouin autour des carrières de Voutré. Il est candidat à la députation dans un arrondissement cossu de Paris.
Sur le terrain, la pétition du syndicat CGT des cheminots se remplit, même dans cette région rurale où les idées de gauche ne prédominent pas. Le petit village de Rouëssé-Vassé, par exemple, doit voir passer dans sa rue principale des colonnes de camions à ne plus en finir. Les populations locales mesurent par avance donc les conséquences désastreuses qu'elles vont subir en matière de nuisances, de pollution, d'insécurité routière et d'augmentation des impôts pour l'entretien des routes.
A l'Assemblée nationale, le gouvernement des riches vient de faire un autre cadeau aux patrons des sociétés routières. Cela s'est passé en lousdé, le mercredi 29 février 2012, au milieu d'articles présentant une nouvelle fiche de paie et l'allègement du bilan social et environnemental des entreprises. Pour autant, cette nouvelle loi va permettre aux transporteurs de charger leurs camions à 44 tonnes sans être soumis à l'obligation d'un sixième essieu. De ce fait, le marché routier va augmenter son tonnage transporté sans investir dans une nouvelle flotte.
Cette disposition législative coûtera au bas mot plus de 500 millions d'euros pour l'entretien supplémentaire des chaussées, sans compter les nuisances en pollution et sonores. Et les patrons routiers ne payent toujours pas de taxes sur les poids lourd en dehors des autoroutes. Et sur celles-ci, ils ne sont redevables que par rapport au nombre d'essieux et pas à la charge transportée.
Il va sans dire que le transfert du rail à la route de la production des Carrières de Voutré, comme ce cadeau législatif au patronat routier, est contraire à la Charte gouvernementale de l'environnement. Mais qu'en disent madame Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l'écologie et son candidat-président?