Une histoire oubliée
C'est Rue89 qui la fait ressortir en pleine lumière, à travers le témoignage de Dominique Foucher, née Marie-Thérèse Gaspt dans l'île française de la Réunion. Elle fait partie de ces enfants réunionnais déplacés entre 1963 et 1982 dans la Creuse, dans le cadre d'un programme destiné à repeupler les campagnes de la métropole. Considérée comme orpheline, elle est adoptée en 1967 par la famille Foucher
A force de ténacités, la Ddass de la Creuse lui a ouvert la totalité de son dossier. A la Réunion, sa mère naturelle, faute de ressources suffisantes, l'avait confiée à un foyer tenu par des religieuses à l'âge de six semaines, mais sans l'avoir abandonnée. A trois ans, elle en part, direction la France et la Ddass de la Creuse où elle est adoptée en 1967.
Pendant ce temps, sa mère naturelle vient la réclamer auprès de l'institution religieuse réunionnaise: sans aucun résultat et mutisme aussi des autorités locales.
Marie-Thérès Gaspt a retrouvé sa mère naturelle et sa mère adoptive ne lui parle plus à cause de cela.
A lire son témoignage sur Rue89 de ce mardi 3 avril. Il est aussi passé sur France 2 à l'émission Histoire en série présentée par Béatrice Schönberg.
Note de ma pomme: Cet exil forcé, qui lui fait perdre sa véritable identité et ses racines, Marie-Thérèse Gaspt le doit à l'initiative de Michel Debré, l'un des pères de la Constitution actuelle et ancien premier ministre en 1958 du général de Gaulle.
Battu aux élections législatives en métropole, il va à la Réunion se faire élire député de droite. Là bas, à son initiative, considérant que la démographie de l’île est une menace pour son développement, il organise, durant les années 1960, la migration des Réunionnais vers la France métropolitaine. Il crée pour cela le BUMIDOM et le CNARM. Dans le même état d’esprit, il fait procéder au déplacement vers l'Hexagone de plus de 1 600 enfants réunionnais (entre 1963 et 1982) arrachés à leur famille en vue de repeupler certains départements métropolitains en cours de désertification, notamment la Creuse. Au professeur Denoix qui s’insurge de ces pratiques, il lui répond dans une lettre : « L’entreprise doit être poursuivie avec d’autant plus de constance, qu’elle peut être combinée avec un admirable mouvement d’adoption que nous n’arrivons pas toujours à satisfaire. »
Marie-Thérès Gaspt ne doit pas apprécier cet élan de charité. Elle vient d'intenter un procès au pénal contre les autorités de la République française en la matière. Les Réunionnais de la Creuse, qui se sont essayés devant le tribunal administratif, n'ont encore rien vu venir et ce, depuis 10 ans.
Pour illustrer cette malheureuse histoire, la République française et les mots glorieux: liberté, égalité, fraternité, lesquels doivent reprendre leurs sens véritables.