Plus fort que Cahuzac, BNP Paribas mais pas que
C'est ce que révèlent des documents secrets publiés dans Le Monde du 5 avril 2013. Pour notre pays, BNP Paribas et le Crédit agricole, deux banques majeures dans l'hexagone, s'affranchissent des frontières pour superviser des sociétés favorisant la confidentialité et une fiscalité plus faible.
La constitution de telles sociétés de droit anglo-saxon n'est pas illégale. Ah, cette liberté pour les riches et les truands (souvent les deux à la fois) organisée par la loi britannique, la Grande-Bretagne pays influent de l'UE...
Le 17 avril 2012, droit dans les yeux comme Jérôme Cahuzac, Baudoin Prot, pdg de BNP Paribas déclarait à la commission d'enquête sénatoriale sur la fraude fiscale : "Pour nous, il n'y a pas de compromis dans ce domaine : nous tenons à être absolument exemplaires." Et le 30 janvier 2013, devant les députés dans le même cadre et avec Cahuzac ministre du Budget, les activités dans les paradis fiscaux sont très marginales ou en relation avec le financement de l'économie réelle (par exemple, le financement de bateaux ou d'avions).
Or, le fichier publié indique pour BNP Paribas 56 montages de "sociétés commerciales internationales" à Jersey, à Taïxan et en Asie, aux îles Vierges britanniques, aux Samoa, aux Seychelles,
Interrogé par Le Monde, le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé est aux abonnés absents. Puis la banque s'est rappelée que la moitié de ces structures ne sont pas actives et que ses clients ne cherchent pas à échapper au fisc.
Oui, mais non. Ainsi, les actionnaires de Muju International Limited, créée aux îles Vierges britanniques, sont domiciliés en Grèce, état de l'UE placé sous "assistance financière" par l'UE et dont les finances publiques sont gangrénées par l'évasion fiscale.
Il y a aussi la triple 8 Fortune Limited, toujours pour BNP Paribas, aux Iles Vierges, dont ses administrateurs sont des banquiers de Paribas ou la suisse UBS (tiens celle de Cahzac aussi)
Un dirigeant de banque, anonyme, déclare:"On applique les règles pour autant qu'elles existent. Que les politiques aient le courage de sanctoonner les pays qu'ils jugent opaques, et nous nous adapterons. Arrêtons de demander au secteur marchand de faire le travail du gouvernement. Ce n'est pas aux banques de faire la police. Nous ne sommes ni la gendarmerie ni l'armée. Encore moins des juges d'instruction."
Pierre Moscovici, ministre des Finances de François II, quand il était vice-président du Cercle de
l'industrie, lobby patronal, entre deux coupettes de champ, n'a-t-il jamais entendu parler de tout cela? J'oubliais Didier Migaud, présentement Président de la Cour des Comptes nommé par Sarkozy,
membre du Cercle de l'industrie. Qu'a-t-il entendu lui aussi? Rien, sans doute. Les yeux dans les yeux?