Le massacre du 1er mai 1891 à Fourmies
Après le 1er mai 1890, le gouvernement s'était juré de réprimer la revendication qui allait primer lors du 1er mai suivant, à savoir: 8h de travail, 8h de repos et 8 h de loisirs.
Toute l’armée est mobilisée pour écraser les manifestation du 1er mai 1891. Le danger devait être bien grand, si l’on a besoin d’un tel déplacement de forces pour sauver la société. La police a reçu l’ordre de disloquer les manifestations et de provoquer. La gendarmerie et l’armée doivent faire usage de leurs armes au moindre signal de résistance.
A Marseille, Clichy, Lyon, Saint-Quentin, Charleville, Bordeaux, Nantes, presque partout où des ouvriers manifestent
publiquement, portent à la mairie ou à la préfecture leurs revendications de la journée de 8 heures et une législation du travail, ils sont brutalement assaillis, chargés sauvagement par la
gendarmerie et la police.
A Fourmies, dans le département du Nord, les groupes du parti ouvrier de la localité ont décidé dans une assemblée générale, le 20 avril, de fêter le 1er mai et de faire savoir aux fabricants qu’ils cesseraient le travail, ce jour-là.
Les industriels de la région affichent qu’au 1er mai, les ouvriers absents des ateliers seront licenciés. Ils avaient espéré épouvanter les travailleurs. Mais le nombre de ceux qui franchissent le seuil des entreprises est si minime, qu'ils sont renvoyés dans leur foyer.
Si les ateliers sont vides, les rues et places regorgent d’ouvriers en habits de fête, se réjouissant du magnifique soleil printanier. Jamais on n’avait vu circuler autant de monde. Devant une filature, il y eut un rassemblement: les jaunes ont été salués à coups de sifflets et de cris de lâches et de traîtres.
A cette époque, Fourmies est un ville textile de 15 000 habitants dans laquelle la quasi totalité des ouvriers est en grève et manifeste pour la journée de huit heures et l'augmentation des salaires. Ceux-ci avaient baissé de 10% quand le pain augmentait de 20% et le charbon de 40% !
Le maire, poussé par les patrons du textile, demande au Sous-Préfet l'envoi de 2 compagnies du 145e régiment de ligne. Après l'arrestation de 4 manifestants, le matin, deux nouvelles compagnies de soldats sont appelées en renfort.
L’après-midi, arrivent des jeunes gens, des femmes et des enfants. Ils chantent sur cette même place et exigent la libération des emprisonnés.
Alors, les soldats, sans avoir été provoqués ni fait les trois sommations réglementaires, tirent. La boucherie aurait duré longtemps si le curé n’était pas sorti de sa maison et n’avait pas crié : "Assez de victimes".
Un homme de 30 ans, 2 jeunes gens de 20 ans, 2 enfants de 11 et 12 ans et quatre jeunes filles de 17 à 20 ans sont mortellement blessés. Une de ces dernières tenait un rameau d'églantine dans la main, elle accompagnait son fiancé, portant un chapeau qui fut traversé par une balle.
9 morts et 35 blessés en 45 secondes. Le nouveau fusil Lebel fit la démonstration de son efficacité contre les grévistes français.
Depuis cette date, le 1er Mai fut non seulement un jour de revendication et de grèves partout en France, mais aussi la commémoration de la répression sauvage par l'armée au service du patronat et de l'État, lui-même largement inféodé à l'oligarchie financière.