Le manifeste du CAC 40
Je ne vous dis pas pour quel candidat courent les 25 patrons français qui ont signé ce manifeste. Chut, c'est le secret de l'isoloir. Bon, je ne peux que vous dire qu'ils lisent le Figaro et ces journaux économiques qui vont toujours dans leur sens. C'est pour cela qu'ils ont dénommé leur manifeste: la refondation du pacte social, comme si le salarié et le boss qui l'embauche étaient sur un pied d'égalité dans l'entreprise, comme si l'exploité et l'autre (le Medef l'appelle l'entrepreneur), en signant un contrat de travail, avaient les mêmes droits.
Ceci dit en préambule, que du gratin dans ces patrons qui formulent 12 propositions. Je ne vais pas vous les citer tous. Si vous trouvez par terre, traînant, un canard de la Bourse, vous les dénicherez facilement parmi les plus méritants de la classe capitaliste.
Bon, allez, je vous en jette une poignée. D'abord, le président de l'Institut de l'entreprise qui a publié le manifeste: Xavier Huillard, accessoirement pdg de Vinci pour un salaire annuel de 1,6 million d'euros en 2010; François Pérol de la BPCE avec seulement 1,2 million d'euros en 2011, mais après l'avoir triplé (oui, rien à voir avec l'augmentation du Smic accordée par son pote Nico); Denis Kessler, lui fait dans les assurances, enfin c'est surtout son portefeuille qui est rassuré avec un salaire de plus de 2,2 million d'euros; Gérard Mestrallet s'octroie plus de 3,3 millions d'euros comme dirigeant de GDF Suez (oui, quand l'Elysée proclamait que la dénationalisation profiterait, et bien c'est exact); il y a aussi Philippe Houze des Galeries Lafayette, je ne vous donne pas sa paye, je me suis un peu perdu dans les comptes...
Bref que du beau monde.
Ah, j'oubliais le principal, leurs propositions pour "bien être, bien vivre, emplois, protection et cohésion sociale", explique Xavier Huillard. Je vous les résume:
- gel des augmentations de salaires dans la fonction publique;
- transfert d'une partie des cotisations à la charge des patrons sur la fiscalité des ménages.
- assouplir la loi sur le contrat de travail en cas de crise (et comme on y est en plein dedans...)
Ah, j'en vois plusieurs qui rient fort à cette refondation du pacte social. C'est bien, ils ont compris vers quel candidat iront leurs suffrages. Oui, dans les élections, comme dans la vie de chaque jour, il faut choisir toujours son camp.