La preuve par Renault
Il existe des étrangers que la droite et le Fn ne conspuent jamais, ce sont les patrons et peu importe où ils exploitent leurs salariés. Une seconde catégorie prend aussi grâce à leurs yeux, les dictatures ou les monarchies autoritaires pourvu qu'elles aident le business international. Carlos Ghosn, d'origine libanaise mais pdg de Renault-France, appartient à la première espèce et le marocain Mohamed VI à la seconde.
Aussi, dès que les deux se pacsent, pour faire fabriquer des bagnoles au Maroc, Eric Besson, ministre UMP de l'Industrie bien française, hier sur RTL, ne peut être qu'admiratif. Même son de cloche de son voisin de table, le ministre (UMP lui aussi) du Commerce extérieur (français également), lequel accuse pourtant un déficit record de - 69,6 milliards d'euros. Renault au Maroc: dire que Nicolas Sarkozy et les siens ont l'idée de placer la campagne présidentielle sous le "made in France"! Côté famille Le Pen et consorts, les saints protecteurs de la classe ouvrière gauloise, pas un mot lorsque va s'inaugurer un site de production à Tanger, quand, au même moment, Renault à Douai annonce du chômage partiel.
Peut-être, s'exclament de bonnes âmes (il y en a toujours), mais produire 170 000 renault au Maroc, c'est donner du boulot à 2 600 jeunes en proie au chômage endémique et aux petites combines. Sauf que Rabat crache au bassinet pour empêcher la marmite sociale d'exploser: prime de 60 millions d'euros pour les infrastructures de transport, exonération des taxes à l'exportation pour Renault et pas d'impôts pendant 5 ans: tout bénef pour les actionnaires et les administrateurs de la firme au losange!
Oui, mais, s'écrie la pleureuse du MEDEF, toujours à la rescousse de ses potes, au Maroc, les salariés seront rémunérés près de 250 euros, alors qu'au pays de Clovis, le SMIC (un scandale) s'élève à 1 092 euros net. "Vous voyez bien que le coût du travail est partout moins cher que dans notre pays", reprend Sainte Parisot. Sauf que 90% de la production marocaine (chiffre de Carlos Ghosn lui-même) sera exportée en France et vendue au prix d'une renault gauloise. Re-bonjour le bénéf!
Dites-moi, Nicolas Sarkozy, candidat à la réélection pour diriger la République française, pourquoi l'Etat, majoritaire au capital de Renault, n'a rien fait contre ce mauvais coup à l'égard de l'industrie française et de l'emploi en France?
Et bien, vous me croirez si vous voulez, mais un ange est passé, sans mot dire. Il semblait pressé de traverser la Méditerranée de ses longues ailes immaculées, pour aller faire son marché de l'autre côté. Il m'a même paru être le double de Carlos Ghosn. Mais allez savoir, je suis tellement dans le camp des anti-capitalistes...