l'Elysée et Matignon font du cinoche
Enfin, plutôt dans le genre navet, comme tout ce qu'ils entreprennent pour la France d'en bas, depuis que Nicolas Sarkozy trône et que son premier chambellan lui cire les pompes.
Des godasses, il en fut question dans la mise en scène concoctée par Matignon. Comme décor, Fillon avait choisi l'usine Méphisto qui en fabrique à Sarrebourg. Il fallait ça pour glorifier la politique industrielle du gouvernement. Et pour être plus crédible dans la propagande mensongère, Il y avait en guest stars, Nadine Morano l'inimitable ministre de l'apprentissage et le sublime Eric Besson, lui chargé de l'industrie gauloise.
Dans cette boîte à chaussures (jeu de mot), Fillon avait commandé que ça turbine comme des dingues. On avait mis donc en branle des machines dépoussiérées de leurs toiles d'araignée, vu qu'elles ne servaient plus à rien depuis longtemps. Les couturières avaient été doublées d'une rangée de magasiniers, lesquels n'avaient jamais piqué de leurs dix doigts. Heureusement d'ailleurs qu'ils n'étaient que figurants, sinon, bonjour les accidents du travail!
Fillon, très grand acteur, a déclamé sur la "compétitivité de l'industrie française dans le cruel marché international" ou quelque chose de ce genre. De ce côté-ci, il a tant de cordes à son arc.
Mauvaise pioche pourtant, Méphisto appartient à 100% à une société allemande et il a délocalisé 60% de sa production au Portugal et en Inde, parce que le capitalisme n'a pas de frontière.
L'intermittent de l'Elysée n'a pas fait mieux dans l'Essonne. Avec force caméras, il était venu serrer les pognes à des ouvriers du bâtiment. Il voulait montrer au peuple ébahi toute sa compassion avec les prolos de ce dur métier. Il n'avait pas amené Claude Guéant, son fidèle chef de la police: cela aurait fait tâche avec ses tirades sur les civilisations au milieu de ces travailleurs en grande majorité d'origine africaine. Comme le thermomètre battait des records en dessous de zéro, on s'est toutefois étonné de ce fourmillement intense sur un chantier congelé. En effet, comment bosser lorsqu'il gelait à pierre fendre et que le mortier était plus dur que l'iceberg ayant coulé le Titanic.
Bon, l'Elysée a été obligé d'admettre la supercherie. Le maître d'ouvrage avait amené six douzaines d'ouvriers et une trentaine de cadres pour faire la claque et de la figuration. Peut-être sera-t-il récompensé avant que certains ne prennent justement leurs cliques et leurs claques. On ne sait jamais, Nicolas Sarkozy vient de faire chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres, Yannick Bolloré, boss de Direct 8 et de Direct star, ce qui se fait de mieux au niveau culture (pas celle de la terre, celle de l'esprit).
Enfin, en ce qui concerne la prestation cinématographique de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, ce fut un four complet. Mais que voulez-vous, il y a des quinquennats où tout va de mal en pis. Sauf pour les nantis et le patronat.
Cette semaine donc, pas de podium hebdomadaire de la Honte comme prévu, il n'y avait plus de place sur la plus haute marche.