François et François en bateau
Pas sur le même, pour l'instant. L'un se dit de bâbord, l'autre ne l'est pas et ne le sera jamais. Mais tous les deux voguent vers le printemps prochain, avec toute une cargaison de belles paroles qui sauvera de la pire tempête.
Mais, que pensent-ils de la solde de leurs équipages, de leur droit à partir en retraite avant 60 ans vu la pénibilité à bord? Et contre le pavillon de complaisance des îles Kerguelen françaises, sous lequel on exploite les matelots? Et sur les traités européens qui laissent filer sur les flots la concurrence libre et non faussée. Silence du haut du mât de misaine à la soute. On nage en pleine brume, dans la purée de poix sans la moindre étoile pour annoncer une bonne nouvelle. "Pourquoi promettre un cap, s'il me faut rebrousser chemin dès que je serai au gouvernail du vaisseau amiral", explique le premier François. "Moi, j'ai un gréement tout neuf" dit le second François, "et ma boussole ne pointe ni vers le levant, ni vers le ponant, ni vers la gauche ni à l'opposé. Le vent des sondages seul me guide".
Arrive la TVA sociale, un brasero sur un écueil redoutable, allumé par les pirates de l'UMP, pour y attirer les marins en détresse. Et plus bas, dans l'ombre des marais de la côte, des écorcheurs qui dépèceront les restes.
"Machine arrière toute", ordonne le premier François et, à son bord, on obéit tant bien que mal à la manoeuvre. Même Manuel, le bosco, qui aimait cet attrape-nigaud avant le grand tirage au sort pour désigner le capitaine du bateau. Mais on lui a promis le grade de vice-amiral s'il retournait sa veste.
"Machine arrière toute", crie aussi le second François, avec plus de difficultés pour éviter le piège. "Oui", confesse-t-il, "une grande partie de mes marins naviguent en fait pour "L'Elysée".
Naturellement, tout ceci est un conte.
En attendant, vogue la galère et nous y sommes dedans à souquer dur pour les profits du marché.
nb: On peut colorier le dessin en rose-rose ou en blanc-blanc.