Eaux troubles
François Hollande propose à François Bayrou d'intégrer sa future majorité présidentielle. Or, jusqu'à preuve du contraire, celui-ci tire à boulets rouges sur le projet du PS et sur son candidat à l'élection présidentielle. De même, le MODEM participe à la gestion municipale dans des villes dirigées par la droite. Exemple, Mantes-la-Jolie: l'adjointe modem au maire UMP a voté l'augmentation faramineuse des impôts locaux. Enfin, le ministre de la Justice, membre du gouvernement des riches, n'a toujours pas démissionné du Modem.
Pour se défendre, le socialiste (il fut dirigeant national du PS) François Hollande déclare ne pas être le candidat d'un parti. La clarté en politique est gage de succès, les eaux troubles de reniement et de défaite. Se rappeler l'exemple brûlant de Lionel Jospin en 2002. N'avait-il pas dit que son programme "n'était pas socialiste"?
En présence de la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Witvoet, big boss d'Unilever France, a reçu le prix FIR-Vigeo. Cela récompense les dirigeants des entreprises européennes cotées en bourse. Le jury a estimé que ce monsieur "avait le mieux intégré la responsabilité sociale de l'entreprise dans sa gouvernance".
Certes, Bruno Witoert est aussi champion de l'évasion fiscale et le liquidateur en France de l'usine Fralib.
Le prix FIR-Vigeo a été fondé par Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT. Là, on n'est plus dans les eaux troubles.
Puisqu'on est descendu, Nicola Sarkozy célèbre, à sa façon et par avance, le 50e anniversaire de la fin de la guerre en Algérie. Il vient de remettre, en tant que Chef des armées, la grand-croix de la Légion d'honneur à Hélie Denoix de Saint Marc.
Ce monsieur était chef de bataillon du 1er Régiment étranger de parachutistes lors de la guerre d'Algérie. Le 26 avril 1961, il marche avec ses hommes sur Alger pour soutenir le putsch des généraux Salan, Jouhaud, Zeller et Challe. Il devait assurer le commandement des troupes factieuses contre la République.
Le putsch militaire ayant avorté (grâce au contingent et à la mobilisation populaire), Denoix de Saint Marc est condamné à 10 ans de prison. Lors de son procès, il déclare être pour l'Algérie française et la "justice raciale". Il ne fera que 5 années d'emprisonnement, car amnistié par le général de Gaulle. Il a été rétabli dans ses droits civils et militaires par Valéry Giscard d'Estaing en 1978, puis élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur par Jacques Chirac en 2003. La droite a toujours lancé des passerelles vers l'extrême-droite pour conforter son assise électorale.
Gérard Longuet, ministre de la Guerre de Nicolas Sarkozy, n'a pas désavoué le geste de son patron. Primo, on ne désobéit pas à ses ordres. Segundo, ancien activiste de l'extrême-droite lui-même, condamné par la Justice à ce titre, mais amnistié par de Gaulle, il escompte être, un de ces jours, grand-croix de la Légion d'honneur. Pourquoi pas?