Des étiquettes tombées du ciel au Bangladesh
Trois semaines après, la catastrophe industrielle du Rana Plaza, à Dacca, capitale du Bangladesh, a fait 1.127 morts, trois marques françaises se trouvent dans une situation délicate. L’immeuble, qui s'est écroulé, logeait plusieurs usines textiles sous-traitant de nombreuses firmes internationales. Jusqu'alors, les grandes enseignes françaises juraient sur leurs grands Dieux n'avoir aucune relation avec ces esclaves morts au travail pour 20 euros par mois et 15h de boulot quotidien.
Or, désormais, les journalistes ont accès aux décombres. Et surprise, des articles ont
été retrouvés étiquetés Carrefour, Auchan et Camaïeu, avec les patrons pour les fabriquer et les codes barre à l'appui.
Les trois grandes marques ont immédiatement réagi : «Sur les neuf derniers mois, Camaïeu n’a passé aucune commande aux
usines travaillant dans cet immeuble», a réagi un porte-parole de l'entreprise. Même son de cloche chez Carrefour. De son côté, le groupe Auchan a annoncé qu’il avait lancé une enquête, tout
en affirmant: «Les usines qui travaillaient dans cet immeuble ne font pas partie de la liste de nos fournisseurs.»
Fanny Gallois, de l'ONG Peuples solidaires, met clairement en cause leurs responsabilités : «Ces entreprises ont mis la pression à leurs fournisseurs. C'est une forme de complicité. Ces entreprises savaient que les usines au Bangladesh étaient des pièges
mortels pour les milliers d'ouvriers et d'ouvrières qui y travaillaient.»