Dans le Nord, faites gaffe
Attention, dans le département du Nord, un député UMP peut en cacher un autre! Mais que les trains m'excusent, je n'avais pas d'autre image pour mon propos du jour.
Mais, c'est à cette réalité qu'a été confrontée une professeur agrégée d'allemand dans ce département.
Sur deux pages, en février 2011, elle avait déploré très vivement, auprès du député UMP de sa circonscription, le saccage en règle de l'Education nationale par la politique décidée à l'Elysée. Et d'une plume acide (mais justifiée pour ma part), elle avait aussi écrit: "j'en ai assez de perdre une journée de salaire (...) pour entendre dire après coup par un trou de c.. gouvernemental quelconque que la rue ne gagnera pas".
Boum, 15 jours d'exclusion. Le député UMP a passé le courrier à madame la rectrice de l'académie de Lille, parce que "député et aussi père et qu'il ne voudrait pas que des enfants subissent un enseignement venant d'un professeur capable d'écrire un tel torrent de grossièretés". Pauvre chou et sacré délateur tout de même que ce député UMP. Ni une ni deux, même si le rectorat reconnaît que le professeur est confirmé, prodigue des cours efficaces, "bien servi par ses qualités de germaniste", on ne met pas en cause "en cause le président de la République, le ministre de l'Education nationale et le rectorat en des termes particulièrement grossiers et offensants" (putain de bordel, non ça c'est de moi, je n'ai pas de lettres).
C'est le journal Nord Eclair du 17 février 2012 qui publie cette information, sous le titre: "Peut-on faire part de ses états d'âme à son député sans risque de sanction?"
Ben, si, en tant que prof, vous écrivez une lettre à l'eau de rose sur les bienfaits du gouvernement des riches et du patronat, peut-être obtiendrez-vous les palmes académiques. Dans le cas contraire, c'est la guillotine. Point à la ligne.
L'enseignante a écrit au président UMP de l'Assemblée nationale qui l'a renvoyée à ses chères études (après ses 15 jours passés au mitard, na!).
La professeur agrégée d'allemand, à Gondecourt dans le Nord, a contesté sa sanction pour "excès de pouvoir" devant le Tribunal administratif. Son avocat insiste sur la loi qui "garantit la liberté d'opinion aux fonctionnaires", et que ce courrier destiné à un député "n'avait aucunement vocation à être transmis". Et l'avocat d'ajouter : "(...) Le député étant censé agir en représentant du citoyen et non à son encontre".
La prof d'allemand attend le délibéré du tribunal. Or, début janvier 2012, elle a reçu une carte de voeux type de monsieur le député en question, lui assurant: "c'est
en vous écoutant que je peux faire bouger les choses. (...) N'hésitez jamais à me faire part de vos idées et vos préoccupations". Ne riez pas, c'est vrai!
Bon, Dans le département du Nord, il y avait Christian Vanneste, député UMP qui n'aime pas les homosexuels. Il y a également un autre député UMP qui déteste que l'on critique son patron, celui qui est à l'Elysée et qui se conçoit en nouveau père du peuple de France. Ce député-là s'appelle Sébastien Huyghe, le second dans son palais: Nicolas Sarkozy. Citoyens démocrates du Nord, au printemps de cette année, rappelez-vous en.