CAF de Mantes-la-Jolie...
L’immolation d’un homme, début août, dans les locaux de la Caisse d’allocations familiales, a provoqué l’émotion à Mantes la Jolie.
Malheureusement ce type d’incident était prévisible.
Alors que le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter à Mantes la Jolie, la CAF réduit ses moyens – au point d’avoir dû fermer deux semaines en début d’année pour « résorber les dossiers en souffrance ».
Les mesures annoncées depuis sont dérisoires : un vigile pour empêcher « les incidents » et des tournées plus fréquentes de la police municipale.
Régler le problème, c’est s’attaquer résolument au problème de l’emploi dans notre région. Et, dans un premier temps, c’est donner les moyens à la CAF de pouvoir remplir sa mission de service public … en embauchant.
Source: Pcf de Mantes la Jolie sur over-blog
Le suicide des chômeurs, "une réalité sociale" occultée
L'immolation par le feu d'un allocataire du RSA, auquel un hommage a été rendu jeudi par des associations de chômeurs, soulève avec violence la question de la prise en charge de la détresse psychologique des précaires et des demandeurs d'emploi en fin de droits, de plus en plus nombreux.
Le 8 août, en plein entretien avec un conseiller de la Caisse d'allocations familiales (Caf) de Mantes-la-Jolie (Yvelines), un chômeur de 51 ans s'était aspergé de liquide inflammable avant d'y mettre le feu.
Décédé, cet homme, dont le RSA avait été suspendu et à qui l'on réclamait pour la quatrième fois des pièces justificatives, vivait dans une caravane après une séparation, selon des associations.
"Ce n'est pas seulement un fait divers tragique, c'est un suicide de protestation. Comme l'immolation du jeune Tunisien qui a déclenché une révolution dans son pays, il y a derrière des raisons sociales fortes, que cet homme a voulu dénoncer", estime le psychiatre Michel Debout, qui alerte les pouvoirs public depuis plusieurs années sur les suicides de chômeurs.
Selon les calculs du Pr Debout, qui réclame un suivi médico-psychologique des chômeurs et la mise en place d'un observatoire du suicide, la crise aurait généré au moins 750 suicides supplémentaires en France entre 2008 et 2010.
Marasme économique oblige - la France comptabilisait en juin plus de 1,8 million de chômeurs de longue durée, un record, et environ 100.000 personnes arrivent en fin de droits chaque mois - les manifestations de cette détresse se multiplient.
En octobre dernier, un demandeur d'emploi avait ainsi menacé de se donner la mort dans une agence Pôle emploi de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) en se tailladant les bras avec un couteau. Et en Italie, comme en Grèce, les récents suicides de chômeurs en pleine rue ont suscité un vif émoi.
Dans l'Hexagone, les associations estiment que la souffrance psychique des privés d'emploi indiffère, dans une société où tout est articulé autour du travail. Et blâment les dérives d'une administration aux relents kafkaïens.
"C'est un drame emblématique d'une réalité sociale occultée, de la désespérance et du parcours du combattant de personnes invisibles, isolées, inorganisées, qui ont honte, et dont la situation matérielle ne peut faire qu'empirer", affirme Alain Marcu, de l'association AC! (Agir contre le chômage et la précarité)."Mais la désespérance est des deux côtés du comptoir" des administrations où échouent ces naufragés de la crise, que ce soit la Caf ou Pôle emploi", insiste-t-il: "La rationalisation des services publics est vécue comme une brimade supplémentaire".
"Avec cette immolation, on est au coeur du problème: il faut considérer que le chômage est une souffrance, et qu'une erreur administrative peut être vitale", souligne Virginie Gorson-Tanguy, du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), qui était venu déposer, avec d'autres associations, des fleurs devant la CAF de Mantes-la-Jolie.
Source: Libération