Après Claude Guéant, Manuel Valls
Nous avons un nouveau ministre de l'Intérieur, en la personne de Manuel Valls. Lors de la passation de pouvoir place Beauvau, il a claqué à la tronche de son prédécesseur: "Nous le savons, servir la France est un honneur, une fierté que vous avez éprouvée, je n'en doute pas un seul instant. Laissez moi dire un mot plus personnel. Pour celui qui n'est pas né en France, qui est devenu Français, qui a appris à aimer ce pays, ses valeurs, sa devise, sa culture, sa langue, son drapeau, devenir ministre de l'intérieur, cela montre bien que ce pays est un pays un peu à part dont il faut souligner davantage la force et les atouts", en référence à ses origines espagnoles. Et il a poursuivi: "Il n'y aura ni angélisme, ni course effrénée aux chiffres, ni stigmatisation de communauté, d'une catégorie par rapport à une autre. Notre pays a besoin de tempérance et de mesure", comme pour tirer un trait sur la politique tenue par le pote de Nicolas Sarkozy.
Le bon peuple ne peut qu'applaudir des deux mains. Et mon voisin, qui est né de l'autre côté de la Méditerranée, s'est réjoui de ce discours républicain.
Pour autant, celui situé à la droite du Ps a-t-il gauchisé sa posture depuis sa nomination comme chef de la police et de la gendarmerie? Le syndicat Alliance de la maison poulaga (classé à droite) l'a encensé. Cela ne veut peut-être rien dire, mais quand même...
Et puis, je me souviens de son admiration envers les thèses économiques libérales du social-démocrate Tony Blair et la lettre ouverte que Martine Aubry (pourtant elle aussi social-démocrate, c'est dire) qui lui disait en juillet 2009: « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste."
Manuel Valls fit le dos rond, mais prit sa plume pour écrire, en 2011, Sécurité, la gauche peut tout changer où il démontrait que la gauche pouvait être aussi répressive que la droite et ne pas tenir compte du facteur humain et social. Dans son ouvrage, il regrettait aussi que la gauche ait sali l'action de George Clémenceau. Oui, celui qui se définissait comme le "premier flic de France" et qui fit tirer sur le Midi viticole ou sur des manifestations de la CGT en 1906, 1907 et 1908. C'est vrai, en 2005, lors du soulèvement des banlieues, Manuel Valls vota la prolongation de l'état d'urgence...
Enfin, c'est le grand pote d'Alain Bauer, ex-conseiller de Sarkozy, qui se répand devant tous les micros comme un caïd en matière de sécurité face à la peur que subissent nos villes et nos campagnes. On a les amis que l'on mérite, non?
Bon, mais après tout, je persifle et Manuel Valls est devenu plus blanc que blanc. Tant mieux, mais lui, plus qu'un autre de ses collègues au gouvernement, est attendu au premier tournant. Oui, parce que j'oubliais de vous dire que ce camarade au président de la République n'est pas franchement pour les 35h non plus ni pour la retraite à 60 ans à taux plein...