1917: un Mantais fusillé pour l'exemple
La Nécropole nationale des Islettes regroupe les corps de 2 226 soldat français lors des combats en Argonne.
Marcel Jules Gilbert Lebouc est né à Mantes-sur-Seine le 2 janvier 1893, fils de Jules Alexis Lebouc, employé au chemin de fer, et d’Alphonsine Mélina Vacossin, sans profession, habitants rue de Romilly. Son père, né en 1870, décède précocement à 25 ans. Marcel et sa mère partent pour la Normandie. Il est recensé à 18 ans à Rouen en 1911 comme journalier.
Après le Conseil de révision, il est incorporé au 129e régiment d’infanterie du Havre, le 27 novembre 1913, classe d’âge 1913. Il est mobilisé le 3 août 1914 dans la 6e compagnie sous le matricule 2198, au sein du 3e corps d’Armée.
Le 4 août 1914, selon l’Historique du 129e RI, son régiment est ovationné jusqu’à la gare. Il passe à Mantes-Embranchement et sa 6e compagnie est ravitaillée lors d’une halte-repas à la station-magasin de Mantes-Gassicourt.
Vêtu de son « légendaire pantalon rouge », chargeant à la baïonnette, le 129e RI est décimé lors de la bataille de Charleroi, le 22 août 1914. Il se sacrifie à tenir le village d’Hanzinelle. Le 24 août, c’est la retraite générale française « dans la direction du sud-ouest », jusqu’à la Marne, sous les ordres du général Mangin.
Le 129e régiment d’infanterie est de toutes les grandes batailles. Il est considéré comme fer de lance de l’armée française, au prix de nombreuse pertes. Marcel Lebouc est nommé caporal le 1er janvier 1915 dans cette guerre dite des tranchées.
Promu sergent le 16 juin 1915, surviennent d’autres terribles épreuves: la bataille sanglante de Verdun du 21 février au 18 décembre 1916, puis la meurtrière offensive du Chemin-des-Dames du 16avril au 9 mai 1917, qui échoue. Le général Nivelle relevé de son commandement, Pétain le remplace.
Mais les soldats veulent combattre depuis leurs tranchées et ne plus charger baïonnette au canon vers la mitraille ennemie. Des régiments se mutinent pour faire comprendre leur souhait à leurs officiers. Le 129e RI, « régiment de force du général Mangin », en est aussi.
Il est sévèrement sanctionné : 4 condamnations à mort à Rarécourt, dans la Meuse, exécutées à 4 heures 30 du matin par des soldats de leur régiment, le 28 mai 1917, et 14 condamnations aux travaux forcés.
Marcel Lebouc, dégradé, est reconnu coupable pour "refus d’obéissance et abandon de poste devant l’ennemi" par le Conseil de guerre de la 2e Armée, le 20 mai 1917. Jugement confirmé par le Conseil de révision des peines du 26 mai. Son livret militaire indique « non mort pour la France ».
Cependant, son corps repose dans la métropole nationale des Islettes, dans la tombe n° 447, tout comme Marcel Chemin (tombe 501), Adolphe François (tombe 365) et Henri Mille (tombe 384), tous exécutés le 28 mai 1917. Mais sur leur croix est inscrit : « Morts pour la France ».
Lors d’une courte permission, Marcel Lebouc s’était marié à Rouen le 16 mai 1916 avec Valentine Ernestine Vibert. Il était père d’un enfant.