Paris 8-9-10 novembre 2024: Les chemins de fer en 1914-1918 aux éditions du Petit Pavé
Histoire militaire et technique assurément, mais aussi histoire humaine et sociale. Après le Salon du livre d'histoire à Blois, en octobre 2024, où il fut présenté, le Salon de l'autre livre, à Paris du 8 au 10 novembre 2024 accueille mon ouvrage. Je serai présent à l'ouverture du Salon, vendredi 8 novembre 2024, de 14h à 18h.
L'introduction de mon ouvrage:
Le 1er août 1914, la France décrète la mobilisation générale des armées de terre, de mer et des colonies par une affiche placardée dans les mairies. Également par voie de presse, au son du tocsin à l’église ou par le tambour du garde-champêtre, près de 8 millions d’hommes, âgés de 20 à 48 ans, sont appelés à rejoindre leur unité d’affectation. En cet été 1914, la France recense plus de 39 millions d’habitants.
Le 2 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. La Première Guerre mondiale débute. Le chemin de fer joue un rôle primordial dans la mobilisation générale. Un plan d’organisation ferroviaire a été dressé par l’état-major français. Par le décret du 2 août 1914, les compagnies de chemin de fer reçoivent l’ordre de mettre tous leurs moyens à disposition du ministère de la Guerre et de supprimer tout transport autre que militaire.
La loi du 28 décembre 1888 impose qu’en temps de guerre la France se sépare en zone des armées sous la direction du général commandant en chef et en zone de l’intérieur dépendante du ministre de la Guerre. De plus, « le service des chemins de fer relève tout entier de l’Autorité militaire ».
Mais avant le décret de mobilisation générale, les gardes de voies de communication se positionnent le long des voies ferrées et dans les infrastructures ferroviaires.
Et le ravitaillement en vivres des soldats, en fourrage des chevaux, en essence des moteurs, est prévu dans les stations-magasins militaires. Embranchées au chemin de fer, au service des 25 corps d’armée, elles sont sous la subordination de gares régulatrice de communication.
Enfin, dès l’ordre de mobilisation, les commissaires militaires, avec rang d’officiers, se rendent dans les gares régulatrices, gares de répartition et stations-magasins dont ils ont le commandement exclusif.
Débutée en chemin de fer, la Grande Guerre se termine dans le wagon de Rethondes, le 11 novembre 1918. Mais l’histoire des chemins de fer durant la Première Guerre mondiale est méconnue.
En 1914, la France compte plus de 49 000 kilomètres de voies ferrées. « Presque toutes les grandes lignes, pourvues de trains nombreux et rapides, partent de Paris ; c’est là un avantage pour la capitale. Paris et sa région constituent « le premier centre commercial de France, grâce aux chemins de fer (…) qui l’unissent aux grandes régions de production (Nord, Est, Lyon) », peut-on lire en 1914 dans Géographie de France, aux éditions Hachette, pour les élèves des classes de 1ère.
La Première Guerre mondiale va tout bouleverser.
Et dans la fièvre de la mobilisation générale, le 4 août 1914, une collision ferroviaire intervient entre deux trains militaires, non loin de la gare de Bricquebec, dans le département de la Manche, sur une voie unique de la ligne de Coutances à Sottevast. Ce ne sont pas des circulations régulières dans la marche normale du chemin de fer. En cette période exceptionnelle de mobilisation, ne roulent que des trains supplémentaires d’ordre militaire.
Le train de 24 wagons transporte des réservistes majoritairement des Côtes-d’Armor. Il arrive de Lamballe et monte sur Cherbourg. Il cumule du retard après avoir embarqué nombre de mobilisés dans les gares de Bretagne. De ce fait, la gare de Bricquebec, persuadée que l’Armée l’a supprimé, relâche le train stationné de 26 wagons vides venant de Cherbourg. Aucun conducteur n’a roulé sur cette voie unique.
En pleine nuit, à 0 heure 39, dans une courbe et sous un orage, les deux trains se percutent de plein fouet. La machine du train des réservistes recule de quinze mètres, deux wagons sont broyés et deux autres déraillent : 17 morts et 39 blessés.
Les deux trains auraient dû se croiser sur la double voie en gare de Bricquebec. Le Conseil de guerre de Rennes condamne le chef de gare et un cheminot à respectivement 1 000 F et 500 F d'amende pour « négligence, imprudence ou inobservation du règlement, et causé involontairement la mort de dix-sept personnes et en blessant un certain nombre d’autres ».
Le journal L’Ouest-Éclair rapporte la condamnation du Conseil de guerre. Et censure oblige, la catastrophe n’apparaît que le 14 novembre 1914, dans le fond de la page 3 du journal, sans en relater précisément les faits ni toutes les sanctions prononcées.
Ce sont les premiers soldats « Morts pour la France » dans cette toute première catastrophe ferroviaire. Elle ne sera pas la dernière au cours de la Première Guerre mondiale.
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