La Bourse du travail de Mantes-la-Jolie (suite n°2)

La carte postale ci-dessus illustre la grève des chapeliers de Mantes-la-Jolie devant la Bourse du travail en 1912. Ce syndicat appartient désormais à l'Union fraternelle des syndicats ouvriers de l'arrondissement de Mantes, tout en étant affilié à la CGT depuis 1910.

Derrière le bureau, au centre, le responsable du syndicat brandit La Voix du peuple, organe officiel de la CGT. L'un des enfants montre l'Humanité, journal de la Section française de l'internationale ouvrière (SFIO), ancêtre du Parti socialiste. Ce journal ne sera "organe central" du Parti communiste français qu'en 192o.

Au-delà de l'histoire de l'Humanité, l'adhésion des papetiers à l'Union fraternelle des syndicats de l'arrondissement démontre la nécessité de s'unir contre le patronat entre syndicats proches du radical-socialiste Auguste Goust, maire de Mantes-la-Jolie, et syndicats du courant socialiste situé à cette époque à l'extrême-gauche de l'échiquier politique.

Cette unité se fracasse dès la Première Guerre mondiale. La Confédération participe avec la SFIO à "l'Union sacrée" dans cette guerre. Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, devient Commissaire du gouvernement chargé d'apporter sa voix parmi les syndicats ouvriers français pour participer à l'effort de guerre. Division syndicale actée au sortir de la guerre avec la création de la CFTC soutenue par l'Eglise et le patronat en 1919 et scission entre CGT réformiste et CGTU (U pour unitaire) dite révolutionnaire en 1922.

Réunifiée nationalement en 1936, la CGT subit une nouvelle scission irrémédiable après la Seconde Guerre mondiale par la création de la CGT-FO (devenue aujourd'hui confédération FO) et des syndicats de l'enseignement votant pour l'autonomie dans la FEN (Fédération de l'éducation nationale). Toutefois, ces syndicats cohabitent dans la Bourse du travail de Mantes-la-Jolie, Place de Lorraine.

Mais l'histoire sociale du Mantois retient la prédominance dans le paysage syndical de la CGT issue de la Résistance communiste contre l'occupant nazi et les collaborateurs du régime de Vichy. Côté enseignants, l'un des courants de la FEN est conduit par René Martin, président du Comité clandestin de Libération et tête de liste communiste dans l'opposition à la municipalité de droite de Jean-Paul David. Un prochain article reviendra sur cette scission syndicale après la Seconde Guerre mondiale.

Pour l'heure, remontons vers le présent avec la CGT dirigée par le cheminot Louis Racaud de 1956 à 1968: résistant de la première heure avec la formation du premier triangle de cheminots communistes dans le dépôt et dirigeant de l'embryon de résistance régionale dès août 1940.

Contrairement aux organisations FO, CFTC et FEN, dans le Mantois, l'Union locale CGT est toujours à l'initiative politique pour la défense des libertés et de la démocratie.

L'article suivant: l'Union locale CGT et la guerre d'Algérie...

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