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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Capture d'écran

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C'est le pur résumé que la première ministre du palais de l'Elysée a dit lors de ladite conférence dénommée pompeusement "sociale" réunissant syndicats, patronat et gouvernement, ce lundi 15 octobre 2023.

Toutefois, sans doute pour lâcher un peu de grains à moudre à ceux qui aiment ça, elle fera pampam-cucul aux conventions collectives nationales qui n'appliqueront pas le Smic dans leurs minimas de branche. Cela interviendra à la Saint Glinglin, pardon au 1er juin de l'an de grâce à Macron 2024. Alors que sur ce point, un décret ou une loi suffirait. Mais bon, touchez pas au grisbi du patronat et l'extrême droite qui combat toujours farouchement tout coup de pouce du Smic.

Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, avait fait cette déclaration préliminaire lors de cette conférence sociale sur les bas salaires(sic):

Madame la Première ministre, Mesdames Messieurs les ministres,

Je veux d’abord dire toute notre solidarité à la communauté éducative touchée, à nouveau, par le terrorisme.

Je voudrais d’abord commencer par un mot : Enfin ! Enfin, on parle salaires… Il était temps parce que cela fait des mois que la CGT et les organisations syndicales interpellent sur l'urgence de la situation :

  • Les salaires ont baissé alors que les prix des produits de première nécessité explosent ;
  • La pauvreté est en progression continue depuis 2017, avec 9 millions de pauvres aujourd’hui en France ;
  • La moitié des salarié·es du privé gagnent moins de 1,6 SMIC... c'est-à-dire 2012 euros/mois, montant en dessous duquel on ne peut pas se projeter sur l’avenir.  

Derrière ces chiffres, il y a surtout des millions de ménages qui ne peuvent pas épargner, qui ne peuvent pas payer d’activités extra-scolaires à leurs enfants, qui peinent à remplir leur frigo, qui ne peuvent pas partir en vacances…
Alors, après la mobilisation contre la réforme des retraites dont je crains que vous n'ayez toujours pas tiré les leçons, il est essentiel que cette journée soit productive.

La CGT a quelques propositions.

Il faut d'abord se mettre d’accord sur le bon diagnostic, celui de la cause de l'inflation.

Une fois n'est pas coutume, la CGT vous renverra au FMI : l'inflation à laquelle nous sommes confronté·es est :

  • durable, on n'y répondra donc pas par des primes ponctuelles, comme vous avez prétendu le faire ;
  • principalement liée au niveau des profits. Les marges atteignent 48% dans l'agroalimentaire, quand les prix ont augmenté de près de 20% en 2 ans. Il n'y a donc pas de boucle « prix salaires » mais une boucle « prix profits » !

Il faut donc augmenter les salaires, taxer les profits et baisser les prix des produits de première nécessité :

  • parce que les salarié·es ne vivent plus de leur travail ;
  • parce que les qualifications sont niées, ce qui pose de graves problèmes d'attractivité, notamment dans nos services publics où il faut aussi augmenter les salaires. Pas question que la journée ne se traduise par « faites ce que je dis mais pas ce que je fais. » ;
  • mais, aussi, parce que la dégradation des perspectives économiques est liée à la baisse de la consommation. Augmenter les salaires est donc indispensable pour notre économie !

Ensuite, il faut regarder en face les conséquences de la financiarisation de l'économie.

La part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de près de 9 points de PIB depuis 1982, date de la désindexation des salaires sur les prix, date du décrochage entre salaires et inflation, soit 112 milliards d'euros.
 

La France est un pays de bas salaires et, dans le même temps, elle est championne d'Europe de la distribution de dividendes et de l'accueil des millionnaires. Cocorico ! Millionnaires dont la fortune a d’ailleurs augmenté de 86% depuis le covid. Il s'agit d'une tendance propre à la France, liée à votre politique et, notamment, à la baisse de la fiscalité pour les plus riches et à la multiplication des aides aux entreprises.

D’ailleurs, l’État n'est même pas en capacité de nous donner le nombre de niches fiscales ! Heureusement, la CGT tient à votre disposition l'étude de l'IRES, qui chiffre à 157 milliards d’euros avant le COVID et, maintenant, probablement au moins 200 milliards d’euros, le montant des aides publiques attribuées chaque année aux entreprises, soit un tiers du budget de l'État.

Cette politique de bas salaires et d'exonérations a-t-elle permis à la France d'être compétitive et d'exporter plus ? La réponse est non. Le déficit commercial se creuse structurellement, les industries lourdes et celles de haute technologie ont été massivement délocalisées. C'est le secteur des services non exposé à la concurrence qui s'est développé. C'est un échec économique, technologique, social et écologique !

On peut donc dire pour résumer que la France est aujourd'hui un paradis de rentiers.

La suite, en lien, sur Commun Commune:

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