Pourquoi deux gares à Mantes-la-Jolie?
A l'approche de 2023, quelques histoires sur le chemin de fer de Paris à Rouen, dont le train inaugural traverse le Mantois, le 3 mai 1843
Fait notable pour une ville française moyenne, Mantes-la-Jolie possède deux gares sur son territoire communal.
La ville de Mantes, sous-préfecture de Seine-et-Oise, à l’étroit, cherche à s’agrandir au détriment de ses voisins, Mantes-la-Ville et Gassicourt. Depuis le Premier Empire, elle n’a cessé de solliciter les autorités à ce sujet. Et pour cela, elle évoque le nombre de ses habitants et son importance régionale. L’ordonnance royale de 1826 lui a bien octroyé un hectare pris sur Mantes-la-Ville, mais elle en revendiquait 168. Bien peu pour 4 000 habitants à l’étroit sur
La construction du chemin de fer, de Paris à la mer, lui permet de revenir à la charge. Encore faut-il que la voie ferrée passe par le Mantois dont elle se prétend être la capitale. Dès lors, le 11 juin 1835, Mantes refuse le projet « des plateaux », via Pontoise et Gisors.
La ville de Mantes se ravit lorsque est accepté le projet dit de « la vallée », même si Mantes-Station se situe sur Mantes-la-Ville, gare d’arrêt pour les express et tête de ligne omnibus vers Paris ou Rouen. Or, le chemin de fer ne traversant pas son territoire, Mantes n’est pas invitée à délibérer sur le projet.
Pour autant, elle intercède auprès du gouvernement. Le préfet révise sa position. Et celle-ci, tout en approuvant le projet, de revendiquer
Le 18 février 1845, Mantes revendique une fois encore « l’annexion d’une portion du territoire allant de la rive gauche de la ligne Paris-Rouen, au pont de Bouffard à l’Est et jusqu’à Gassicourt à l’Ouest ». Soit la gare de Mantes-Station et son triage, et une portion du village de Gassicourt.
Le Second Empire, par la loi du 2 août 1855, cède en partie à ses exigences à ses exigences. La voie ferrée sépare désormais Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville. Mantes-Station appartient à la sous-préfecture de Seine-et-Oise. Mais la gare de Mantes-Embranchement, créée à partir de l'embranchement vers Cherbourg, demeure dans le giron de Gassicourt.
Que cela ne tienne! Le 15 mars 1857, Mantes ouvre largement son chemin de Jouy en une artère importante baptisée "rue du Chemin de Fer". Elle débouche sur Mantes-Embranchement. D'autre part, notables et commerçants de Mantes pétitionnent pour que Mantes-Station ne disparaissent pas de la carte ferroviaire. Ils ont gain de cause.
Lorsque Mantes annexe le village de Gassicourt en 1930, Mantes-Embranchement lui revient de droit.
Mantes-sur-Seine devient Mantes-Gassicourt, puis Mantes-la-Jolie en 1953. Or la SNCF dénomme cette gare Mantes-Gassicourt jusqu'en 1965.