Le billet d'humeur de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste syndiqué à la CGT
Week-ends
La nouvelle invention du gouvernement dans la famille « confinement » est la fin des sorties le week-end.
Une nouvelle fois le ministre de la Santé se déplace, se pavane devant les caméras et fait tourner la machine médiatique sans rien dire, mais en dramatisant sur l’urgence de décisions qu’il n’annonce pas, pour laisser au Préfet le soin d’informer la population. Bref, la stratégie du maintien d’un climat anxiogène se poursuit sans prendre en compte les dégâts qu’il cause dans la population et qui ont été amplement soulignés par des médecins, des enseignants, des directeurs de maisons de retraite, mais également par de nombreux citoyens, que ce soit des étudiants ou des résidents en EHPAD.
Le problème est que ces discussions sans fin autour des adaptions des mesures de confinement ne relèvent que d’une méthode par défaut parce que les moyens hospitaliers et les vaccins manquent.
Or le constat de la défaillance du gouvernement sur ces deux questions est évident. Depuis un an, rien n’a été fait pour augmenter le nombre de lits dans les hôpitaux.
Je sais que je me répète mais les chiffres sont là pour le montrer : depuis un mois le nombre de patients hospitalisés, notamment en réanimation, est stable, certes à un niveau élevé - entre 3 000 et 3 500 malades – mais ne devrait pas constituer un problème aussi aigu si nous avions augmenté nos capacités depuis un an, comme cela avait été promis.
Mais la logique libérale continue de prévaloir. Il ne faut surtout pas augmenter le nombre de lits hospitaliers de manière pérenne car l’objectif reste de poursuivre la réduction des capacités hospitalières, sous prétexte du fameux « tout ambulatoire ».
En ce qui concerne les vaccins, la même logique qui conduit à privilégier le capital plutôt que la santé publique se traduit par le refus d’imposer la licence d’office, c’est-à-dire la levée des droits sur les brevets, associée à une réquisition des usines pour pouvoir fabriquer des vaccins en masse très rapidement pour l’ensemble de la planète.
L’exigence de pouvoir continuer à vivre les soirs et les week-ends nécessite une autre politique de lutte contre l'épidémie.