Inondations assassines dans l'Aude: douleur, solidarité mais aussi colère
Naturellement, toute ma chaude compassion envers mes compatriotes audois qui ne retrouveront plus auprès d'eux un être cher, comme envers celles et ceux qui ont subi la dévastation de leurs lieux de vie ou de travail. Mais au-delà de la douleur immense engendrée par ces drames, le risque qu'ils se reproduisent n'est pas apprécié à sa juste valeur.
Originaire du département de l'Aude, lorsque j'y vivais dans ma jeunesse, j'ai toujours connu ces évènements climatiques d'octobre. A cette époque de l'année, parfois en plein coeur des vendanges, les pluies diluviennes s'abattaient brutalement et longuement sur un sol asséché quand, de plus, les vents marins empêchaient la chasse du ruissellement des cours d'eaux dans la mer.
De ce fait, sans remonter au déluge de Noé, mon département natal a connu dans son histoire nombre de ces inondations assassines.
Certes, aujourd'hui, vous disent les pommadés de l'info ou du gouvernement, en quelques heures, s'est déversée une densité d'eau équivalent à plusieurs mois de pluie sur une terre rendue dure comme de la pierre après des mois de sècheresse. Et de ce fait, ce phénomène extraordinaire relèverait presque de la sanction divine que jamais aucun humain ne saurait prévoir.
C'est oublier le réchauffement accru de notre planète, non pas à cause du pet des vaches, mais du génocide continu perpétré par le capitalisme et ses commis.
Ceci dit, lorsque je redescends en train vers mes Corbières natales, je traverse des friches infertiles en expansion continue, hier terres vivrières bordées de rus et de bosquets qui participaient à la vie et au ruissellement des eaux. Quand ces anciennes cultures ne sont pas goudronnées et sur lesquelles poussent des habitations plus vite que des champignons. Dans les rues où ne passaient que des charrettes, avant de rentrer les animaux à l'écurie, des voitures sont rangées qui, à la moindre vague, s'érigent en barrages entravant l'écoulement des eaux.
Loin de moi de revenir à l'époque de mes ancêtres, sans électricité, sans aucune commodité et sans moyen de locomotion. Mais lorsque les forces de l'argent détruisent les cultures, laissent bâtir à outrance pour des raisons clientélistes, sans se préoccuper le moins du monde de l'aménagement du territoire et du réchauffement climatique qu'elles engendrent en continu, faut-il n'exprimer que sa douleur et manifester seulement pour le climat, sans remettre en cause le capitalisme?
Le Secours Populaire vient de débloquer un premier fonds d'urgence pour les sinistrés de l'Aude. Outre cette aide matérielle complémentaire à la nécessaire solidarité, là où le palais de l'Elysée est aux abonnés absents, le Secours Populaire appelle à la solidarité financière.
Au 9-11 rue Froissart 75123 Paris cedex 03. Téléphone 01 44 78 21 00.