16 mars 1244, Montségur et le Champ des Brûlés
Quinze jours auparavant, la citadelle se rendit aux Français, croisés sous la bannière du pape et du roi Louis IX dit saint Louis. Elle protégeait l'Eglise cathare et plusieurs centaines de ses adeptes. Mais à bout de forces, blessée, ses rangs meurtris, affamée, bombardée continuellement durant plusieurs mois de siège, la garnison sollicita une trêve. Elle fut acceptée à ces conditions: Vie sauve pour les soldats et leurs familles, peines légères pour ceux renieront le catharisme, par contre la sainte Inquisition pour tous les autres.
Cependant, quatre cathares parvinrent à s'échapper de Montségur grâce à la complicité des assiégés et d'assiégeants, gens du pays. Dans quel but?
Le catharisme s'était répandu dans le Languedoc et particulièrement dans les Corbières où leur dernier château tomba en 1255.
Le clergé cathare se dénommait Parfaits ou Parfaites, Bons-Chrétiennes ou Bons-Chrétiens. Femmes ou hommes pouvaient autant enseigner leur religion et procéder aux sacrements de leur église. Ils prêchaient sur les places ou dans des demeures lorsqu'il y étaient invités. Ils ne disposaient d'aucun lieu de culte, travaillaient pour vivre. Ils ne sollicitaient jamais une quête. Ils respectaient ceux qui n'adoptaient pas leur foi. Ils professaient que la terre était l'oeuvre du Diable. Et ultime hérésie, ils avaient traduit le latin des Evangiles, parole sacré de Dieu, en occitan pour la lire lors de leurs prêches.
Dès 1208, le Languedoc fut donc assailli par le pape et les barons du Nord. Des populations furent massacrées sans exception: cathares ou catholiques, soldats ou civils, femmes ou hommes, vieillards ou enfants. Et en fin de compte, s'instaura l'Inquisition, tribunal religieux, exercé par les Dominicains et fondé par la papauté pour "éradiquer l'hydre hérétique"
Le 16 mars 1244, au matin, à Montségur, l'Inquisition n'interrogea aucun de ceux qui n'abjurèrent pas le catharisme. Ils étaient un peu plus de 200. Les inquisiteurs ordonnèrent de les lier par des lanières de cuir, puis de les pousser en troupeau sur un sentier qui descendait du château. Un enclos avait été préparé dans un champ, haute palissade, avec dedans des fagots, de la paille et de la résine. Les plus valides grimpèrent par des échelles pour sauter à l'intérieur. Malades, blessés et infirmes furent empoignés par les croisés et jetés comme des paquets. Un monstrueux bûcher s'enflamma et rougeoya encore à la nuit tombée.
Montségur est restée l'une des citadelles du vertige vaincue par la croisade contre les cathares. Elle n'est plus que la demeure de l'oubli, du vent et des oiseaux. Le dernier prêtre cathare, dénoncé, mourut sur un bûcher en 1321. Une cathare, condamnée à la prison à perpétuité, dénoncée par ses compagnes de geôle, monta au bûcher en 1325. Mais le catharisme n'existait plus depuis longtemps et, sous la bannière de l'Eglise romaine, le Languedoc avait été annexé par le roi de France
Mais dans le Champs des Brûlés, lo Camp dels Cramats en occitan, les fleurs sauvages puisent leurs racines dans les braises de la liberté qui elles ne s'éteignent jamais.
Traduction en langue d'oïl de la Chanson de Claude Marti: