Les femmes durant la Première Guerre mondiale N°3
Aujourd'hui Les femmes dans l’industrie
Par millions, les hommes endossent l’uniforme. Mais
Or, dès 1915, la guerre se prolongeant, les ennemis sont sur le sol de la patrie et la victoire est incertaine : l’urgence commande de rouvrir alors les établissements industriels et d’intensifier la production de l’armement. « En 1914, notre industrie n’était certes pas la mieux organisée du monde et l’on nous reprochait, non sans raison, quelque lenteur à nous mettre au niveau des derniers progrès de l’outillage ou des méthodes. Nos ennemis, très en avance sur nous à cet égard, allaient accentuer encore notre infériorité en envahissant nos régions les plus industrielles », dit André Citroën, de cette époque.
Et voilà l’État qui rappelle du front 400 000 ouvriers spécialisés et chefs d’équipes. En 1918, les arsenaux en recensent 1 700 000, contre 50 000 au début de la guerre. Dès le mois de mai 1917, 680 000 femmes, 200 000 travailleurs venus des colonies, 80 000 étrangers et 300 000 prisonniers allemands sont employés dans l’industrie.
Le nombre des femmes au travail est fulgurant, comme le démontre les effectifs des usines Renault de Billancourt : Janvier 1914, 4 970 salariés, 190 ouvrières, soit 3,8% du personnel. Décembre 1916, 20 157 salariés, 3 654 ouvrières, soit 18,1%. Mars 1918, 21 400 salariés, 6 770 ouvrières, soit 31,6%.
Dans le département de
Cette augmentation accrue des femmes au travail s’accompagne de dérogations à la législation sur les heures supplémentaires et la durée du travail ; le repos hebdomadaire, par contre, revient en 1917, à cause des grèves organisées par les ouvrières ou des nombreux accidents de travail. Et le travail de nuit n’est interdit, par circulaire ministérielle du 1er juillet 1917, que pour les femmes âgées de moins de 18 ans.
Les femmes, sauf rares exceptions, ne sont pas utilisées dans des emplois qualifiés. L’une des exceptions :
En fin d’année 1917, le personnel féminin dans l’industrie et le commerce dépasse de 20% son niveau d’avant-guerre. L’industrie modernise l’outillage pour l’adapter à la force physique des femmes : appareils de levage et de manutention, engins à décharner dans les mégisseries ou bien encolleuses dans les manufactures de coton ; l’usine Citroën, quai de Javel sur
Il n’y a pas qu’à Paris où cette main d’œuvre s’accroît. A Mantes-la-Jolie, en Seine-et-Oise, un atelier public est fondé dans un ancien couvent ; des ouvrières y confectionnent des vêtements chauds pour l’armée, jusqu’à fournir « 94 749 chemises et 759 484 caleçons en 1918 ». Sous l’afflux des commandes, la ville paie des pénalités pour retard dans les livraisons, sans que le ministère de la Guerre n’ait « un égard au caractère de bienfaisance de l’œuvre », révèlent les archives de la ville. Devant la guerre qui dure, le conseil municipal est obligé d’acheter des machines électriques afin de fournir 30 000 chemises et 20 000 caleçons à la 1ère région militaire. En outre, la ville paie une part des salaires des femmes, les sommes attribuées par le ministère « étant trop basses ». Dès l'Armistice, l'atelier public est fermé et le personnel féminin licencié.
Après l’occupation du nord du pays par les armées allemandes, les centres industriels provinciaux sont sollicités : Lyon, Saint Étienne, la vallée de
Une allocation est versée aux femmes de soldats, mais cela ne suffit pas pour augmenter les salaires. Le Pas-de-Calais fixe une somme versée, chaque mois, à 6 millions de francs, entre le 2 août 1914 et le 21 juillet 1918. Mais, plus de 115 000 bénéficiaires se la partagent, soit
A suivre: les munitionnettes