Remplacer un Jupiter par un tribun changerait-il la donne dans notre société capitaliste?
Certes, il faut convenir que la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon a réussi hier sa marche dans Paris. Et ce ne sont pas les lamentables chiffres de la police annonçant 30 000 manifestants qui gâcheront ce succès. Mais au-delà d'une juste colère exprimée dans les rues parisiennes et venue de la France entière, quel programme révolutionnaire, sauf à remplacer un ex-banquier d'affaires à la tête du pouvoir?
Parce que le capitalisme, baptisé désormais libéralisme économique pour fausser les esprits, est plus que présent en France et dans l'UE que certains désirent toujours humaniser. Et je ne parle pas que de la social-démocratie qui elle, gère déjà les affaires du business international.
GM&S, dans la Creuse, usine sous-traitante de PSA et de Renault, ces big boss de l'industrie automobile française riches à milliards n'ont pas lâché un centime d'euros pour que 157 travailleurs perçoivent une indemnité de licenciement décente. L'Etat participe aux conseils d'administrations de Renault et de PSA: "120 emplois repris, c'est mieux que rien", a-t-il entonné dans toutes les téloches. Et lorsque les travailleurs de GM&S voulaient faire découvrir leur outil de travail dans le cadre des Journées du patrimoine, le nouveau pdg, Alain Martineau, a demandé au préfet que sa propriété privée soit protégée. Et illico, un énorme déploiement policier n'avait jamais été vu dans une petite commune de 5 000 habitants. Mais jusqu'à quand GM&S pourra tenir ses commandes sans un effectif suffisant et l'apport de PSA et de Renault et donc de l'Etat?
Whirlpool à Amiens délocalisée dans l'un des pays de l'UE faisant dans le moins disant social. A cor et à cris, un accord de reprise a été signé. On va remettre au boulot 277 salariés sur 290. Mais pour l'instant, seuls 59 postes seront proposés d'ici fin 2017. Et rien sur les 96 prolos de Prima France, principal sous-traitant de Whirlpool. Cette multinationale fait, comme Renault ou PSA, des bénéfices en milliards d'euros.
Le dégagisme a ses limites et l'histoire prouve qu'il n'y a jamais eu de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun. Mais les producteurs, ceux qui produisent par leur travail physique ou intellectuel des richesses, doivent s'unir et combattre le capital. Avec un programme révolutionnaire. Vraiment.