Sur les réfugiés espagnols, qu'écrivait la presse bien pensante gauloise autrefois?
Jean Ortiz y revient en publiant un éditorial paru dans un journal béarnais, le 9 février 1939. Dans l'Aude et les Pyrénées orientales, la presse tenait aussi ce même discours.
Jean Ortiz: Migrants ? « Un péril public »
Lu dans un grand quotidien à propos des « étrangers ». « C’est un réel problème de sécurité qui se pose maintenant pour nos populations de Roussillon, de Languedoc et des Pyrénées.
«Il serait naïf de croire que tous les Espagnols seront maintenus dans les camps de concentration. Des milliers d’entre eux, sans compter les femmes plus indésirables encore que leurs compagnons, vont rôder dans tout le Sud- Ouest. Le danger de contagion morale et physique, sans parler du risque d’agression à main armée, devient pressant.
Que les autorités françaises soient inquiètes (...) nous le comprenons parfaitement et nous partageons cette anxiété. Cependant si nous considérons les choses de sang-froid, il nous semble que l’on pourrait d’abord poser un principe : c’est que pour les réfugiés et déserteurs, le « droit strict » n’existe pas.
Ils se sont mis ou trouvés dans une condition dont nous ne sommes la cause à aucun degré. Ils n’ont donc rien à réclamer. En un siècle où ne règne que la force, où la moindre faiblesse se paie par du sang, il est déjà très bien que nous n’ayons pas purement et simplement refoulé la nouvelle horde wisigothique. Ainsi comme Français, légitimement soucieux de nos intérêts, nous avons le devoir d’imposer aux Espagnols la plus rude discipline. Nous devons ensuite inviter le plus grand nombre d’entre eux à rentrer dans leur pays (...) C’est précisément de l’implantation de ces dangereux éléments que nous sommes menacés »
- Extrait de l’éditorial de L.A. Pagès (sans doute un pseudo), du quotidien palois et béarnais à grand tirage, « Le Patriote », du 9 février 1939.
Comme ils se ressemblent !! Comme ils n’ont rien inventé !! Comme ils sont fidèles à leur attitude de classe depuis toujours!!
Cela pourrait être du Sarko, du Marine, du Juppé, du Fillon..........etc., etc. ; pour ne pas être méchant, abrégeons la liste. Remplacez « Espagnol » (de la « Retirada », en février 1939) par « immigré », « migrant » d’aujourd’hui, et vous comprendrez que le comportement des classes dominantes ne change guère. Elles mènent la lutte des classes. Sur tous les fronts.
Note de ma pomme: Cette photo de Robert Capa. Mars 1939. Réfugiés républicains espagnols en marche vers le camp d'internement du Baccarès dans les Pyrénées-Orientales, où fut emprisonnée une partie de ma famille d'Espagne.