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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Un peu d'histoire: 1er août 1936. Adolf Hitler triomphe. Dans le stade de Berlin, le Führer déclare ouverts les 11e Jeux Olympiques de l’ère moderne. Une mise en scène grandiose met en valeur le régime nazi sans susciter d’oppositions majeures. 

L'Allemagne hiltlérienne organise habilement la promotion des Jeux olympiques avec des affiches colorées et des pages entières dans les magazines. L'imagerie sportive établit un lien entre l'Allemagne nazie et la Grèce antique. La civilisation allemande supérieure se présente comme l'héritière légitime de l'Antiquité classique. Cette vision de l'antiquité insiste sur l'idéal du type racial "aryen": héroïque, blond aux yeux bleus et aux traits fins.

Le 1er août 1936, les JO sont à Berlin, capitale de l'Allemagne nazie

En France, le Front populaire est au pouvoir, dirigé par le socialiste Léon Blum.

En Espagne, dès le 18 juillet 1936, un coup d'état militaire éclate contre la république espagnole elle aussi de Front populaire. Les factieux sont aidés militairement et ouvertement par l'Allemagne nazie et l'Italie mussolinienne. Le gouvernement espagnol légitime demande l'assistance de la France, dès le 20 juillet 1936, pour faire activer les traités militaires et économiques liant les deux pays. Léon Blum, lui, se prépare à déclarer la "non-intervention" en août prochain.

En Allemagne, Hitler, devenu chancelier le 30 janvier 1933, ouvre le premier camp de concentration nazi le 22 mars 1933, à Dachau. Son régime s'affiche d'ores et déjà raciste et fasciste.

En Europe, l’opposition aux jeux de Berlin concerne très peu le mouvement sportif à l’exception de la Ligue internationale contre l’antisémitisme et du Comité mondial de la jeunesse. Le mouvement de boycott connaît son apogée à Paris avec l’organisation de la «Conférence internationale pour le respect de l’Idée olympique» par les organisations communistes (6 et 7 juin 1936). Il échoue le 19 juin, lorsque Léon Blum et Léo Lagrange, son ministre des sports, autorisent et soutiennent financièrement la venue des athlètes français à Berlin.

En France, la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) s'oppose à cette venue, tout comme le Pcf. Son journal, l'Humanité du 12 mai 1936, écrit: «Les Jeux olympiques de Berlin ont le but de propager l'esprit du national-socialisme, de l'esclavage, de la guerre et de la haine raciale. L'Olympiade populaire de Barcelone, au contraire, veut défendre le véritable esprit olympique qui reconnaît l'égalité des races et des peuples et estime que la paix est la meilleure garantie pour l'éducation saine des sportifs et de la jeunesse de toutes les nations».

Et le mouvement ouvrier international de promouvoir l'Olympiade populaire de Barcelone qui sera ouverte le 19 juillet 1936. A cet effet, un comité international pour le boycott des jeux fascistes est créé : le Comité international pour le respect de l’idée olympique. En France, la FSGT lance le slogan: "Pas un sou, pas un homme pour les JO de Berlin!"

Mais à la Chambre des députés, le Pc s'abstient, le 9 juillet 1936, sur le vote en faveur de la participation française aux JO de Berlin. Pourtant, un député communiste résume la situation: "Aller à Berlin, c'est accepter une sorte de complicité avec les bourreaux, c'est river les fers aux pieds des victimes, et c'est couvrir leurs plaintes que de chanter en chœur, avec le maître du Reich, l'hymne à la gloire du sport". Choix tacticien de la part du Pcf qui ne veut pas briser l'élan du Front populaire en France?.

Durant ce temps, des trains avec à leur bord des athlètes partent à la mi-juillet pour Barcelone. Leurs passages donnent lieu à des fêtes et à des manifestations. Dans Barcelone, des hôtels abritent les délégations de sportifs étrangers venus de 34 pays. La cérémonie d’ouverture doit être présidée par le responsable de la Catalogne sous couvert d’internationalisme.
 
Dans la nuit du 18 au 19, les premiers coups de feux éclatent à Barcelone. C'est le début de la guerre civile provoquée par le coup d'état militaire. Bien que la plupart des sportifs restent dans leurs hôtels, certains descendent dans la rue et participent aux combats contre les factieux. Quelques-uns sont blessés ou tués. Barcelone reste aux mains de la République espagnole. Mais le 23 juillet, Jaume Miravitlles, secrétaire du comité exécutif des Olympiades populaires de Barcelone, annonce l'annulation des jeux.

Si aux USA, le mouvement contre les jeux de Berlin a été le plus fort de tous les pays, lors d'un voyage  en Allemagne en 1934 du dirigeant sportif Avery Brundage, celui-ci réussit à convaincre les Américains de finalement participer à cette olympiade.

Ce dernier deviendra patron du Comité Intenational Olympique de 1952 à 1972. Il avait pourtant écrit dans la brochure du Comité olympique des Etats-Unis Esprit sportif, que les athlètes US ne devaient pas s'impliquer dans l'actuelle «altercation entre les juifs et les nazis».

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