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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Stéphanie, hôtesse de caisse(sic) chez le roi Auchan, a été licenciée par sa majesté la famille Mulliez, patronne de l'enseigne. La CGT soutient la salariée, syndiquée par ailleurs à cette organisation syndicale. Ce qui n'arrangerait pas sans doute les affaires de la salariée dans le patrie des droits de l'homme où le syndicalisme n'est pas libre et non faussé, contrairement au capitalisme.

Bref, contestant un communiqué de l'UL CGT de Tourcoing qui défend Stéphanie, Auchan City la vie en ville proclame urbi et orbi ceci:

Au pays du roi Auchan, de Stéphanie et de la misère sociale

Bien, c'est le droit le plus strict d'un patron d'écrire ce qu'il désire. Surtout, le pognon pour sa pub, sa propagande ou sa cotisation syndicale ne provient pas directement de sa poche, mais de la plus-value gagnée sur le travail fourni par les travailleurs qu'il tient sous sa subordination.

Donc, dans sa prose, Auchan City la vie en ville réfute catégoriquement que le montant de 85 centimes d'euros soit la cause du licenciement sec de sa salariée. Mais que "après un examen approfondi des faits et sur la base d'éléments incontestables", la mise à la porte, en ces temps où le chômage culmine, a été prise.

Si vous désireriez en savoir plus sur "l'exemen approfondi des faits et sur la base d'éléments incontestables", comme Auchan est maître absolu chez lui, tel le charbonnier qu'il ne sera d'ailleurs jamais, circulez, il n'y a rien à voir!

Attention, sa majesté les présentera aux tribunaux concernés "si besoin". Ben oui, la justice prud'homale, que pouvoir socialiste et patronat détruisent de plus en plus, ce n'est pas sa tasse de thé. Il éclairera donc la Justice si besoin. Et pourquoi pas en usant du droit de véto pendant qu'on y est.

Stéphanie, le pot de terre, se défend toujours de la même façon. Ci-dessous le communiqué n°2 de l'UL CGT de Tourcoing. Extraits:

"La cliente a acheté 4 packs de Perrier avec la promotion 1 acheté 1 gratuit. Mais comme un sticker -0,70 euro était sur chaque pack elle a insisté pour bénéficier de cette promotion, ça arrive souvent dans le magasin ces doubles promotions, ce n'est pas de ma faute, et puis j'avais 6 caisses à surveiller et les clients qui défilaient. J'ai accédé à sa demande et je sais que d'autres caissières ont fait la même chose dans la journée. Elle est alors repartie en magasin en laissant ses produits sur le côté, elle est revenue avec 4 paquets de pâtes qu'elle a scanné, puis elle m'a dit qu'elle n'avait pas assez d'argent pour tout payer et m'a demandé de déscanner deux paquets. Je l'ai fait. Pour moi, ces deux paquets sont restés en magasin. Mais la direction dit qu'elle les a emportés. Alors peut-être, mais je ne l'ai pas vu, et pour moi, elle les a laissés. A la sortie la sécurité lui a fait payer un pot de sauce tomate non payé (valeur 0,85 euros), mais que je sache pas les deux paquets de pâtes que j'avais déscanné."

Oui, vous vous avez bien lu. Il ne s'agit pas de fraude fiscale ou d'évasion fiscale à la sauce patronale, mais une simple histoire entre l'achat de 4 packs de Perrier, de 4 paquets de pâtes et d'un pot de sauce tomate. Ce qui a induit une erreur de caisse de 85 centimes d'euros et pas 85 millions d'euros. Tout cela, avec une salariée qui surveille 6 caisses à la fois, en ce temps où le chômage culminant évite à Auchan d'embaucher, et parce qu'une cliente désargentée chez Auchan City la vie dans la ville est revenue plusieurs fois devant elle sur ses achats qui grevaient gravement ses revenus.

De cette misère sociale, qu'illustre ce licenciement sec, la famille Mulliez n'en a rien à faire. Elle ne la côtoiera jamais. Elle est de l'autre côté de la barricade. Surtout ceux des siens expatriés en Belgique ou au Luxembourg pour cause de patriotisme.

 

Communiqué UL CGT de Tourcoing:

Précisions relatives au communiqué de Auchan ...

Ainsi donc Stéphanie est bien une voleuse de grand chemin, la CGT est très méchante, et c'est pour ces raisons que des millions de Français, pour l'immense majorité d'entre eux clients de cette enseigne, sont choqués par ce licenciement.

Ce dont la direction, apparemment dépassée, ne se rend pas compte c'est que, même s'il fallait croire en sa version des faits ("manipulation frauduleuse", "malversation", ...), la sanction demeurerait pour beaucoup complètement disproportionnée.

Que dit Stéphanie sur cet épisode ? "La cliente a acheté 4 packs de Perrier avec la promotion 1 acheté 1 gratuit. Mais comme un sticker -0,70 euro était sur chaque pack elle a insisté pour bénéficier de cette promotion, ça arrive souvent dans le magasin ces doubles promotions, ce n'est pas de ma faute, et puis j'avais 6 caisses à surveiller et les clients qui défilaient. J'ai accédé à sa demande et je sais que d'autres caissières ont fait la même chose dans la journée. Elle est alors repartie en magasin en laissant ses produits sur le côté, elle est revenue avec 4 paquets de pâtes qu'elle a scanné, puis elle m'a dit qu'elle n'avait pas assez d'argent pour tout payer et m'a demandé de déscanner deux paquets. Je l'ai fait. Pour moi, ces deux paquets sont restés en magasin. Mais la direction dit qu'elle les a emportés. Alors peut-être, mais je ne l'ai pas vu, et pour moi, elle les a laissés. A la sortie la sécurité lui a fait payer un pot de sauce tomate non payé (valeur 0,85 euros), mais que je sache pas les deux paquets de pâtes que j'avais déscanné."

Voilà en quoi consistent "l'utilisation de bons de réduction non appropriée" (les packs de Perrier), "l'annulation de produits pourtant emportés par la cliente" (les nouilles) et le "non enregistrement de produit" (la boîte de sauce tomate). Il n'y a rien d'autre dans la lettre de licenciement, rien d'autre dans le communiqué de Auchan, et Stéphanie était une employée modèle, jamais sanctionnée auparavant. Elle va désormais devoir élever seule ses trois enfants, sans emploi. C'est bien cette disproportion et cette injustice qui font réagir si fortement vos clients Monsieur Mulliez, pas la communication de la CGT de Tourcoing.

Plutôt que de s'enfoncer dans le déni et de camper sur la défensive, la direction pourrait sortir par le haut de cette situation : en réintégrant Stéphanie, en reconnaissant son erreur et l'excès de zèle probable d'un cadre sans doute lui aussi sous pression, comme une majorité de salariés dans le magasin.

Et ce n'est pas en faisant pression sur Stéphanie par des voies discrètes, en lui demandant de se désolidariser de son organisation syndicale que nous parviendrons à un résultat. La direction doit prendre attache avec le représentant du personnel, le délégué syndical CGT dont elle n'a de cesse, depuis 4 ans, de vouloir ignorer les revendications, qui sont celles des employés.

Notre Union Locale est disposée à recevoir tout le monde autour d'une table, y compris M. Darmanin (*), dont on nous dit qu'il souhaite servir de médiateur.

Tourcoing, le 5 août 2016

UNION LOCALE CGT DE TOURCOING ET ENVIRONS
43 rue de Lille 59200 TOURCOING
03 20 24 48 34

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