Le village de Gassicourt et le chemin de fer
Depuis ses origines médiévales et jusqu’à la moitié du XIXe siècle, Gassicourt, village de Seine-et-Oise et voisin de Mantes-la-Jolie, vit entouré de labours, de cultures maraîchères, de prés et de vignes. C’est un tout petit bourg blotti autour de son église du XIe siècle, peuplé d’agriculteurs et d’artisans liés à la ruralité.
En 1843, le chemin de fer de Paris à Rouen traverse son territoire. Pour autant, à l’inverse de ses voisines, la commune ne sollicite pas la construction d’une gare, comme pour demeurer fidèle à sa vie séculaire. Et qui, parmi sa population, ose imaginer que Gassicourt sera annexé en 1930 à Mantes-la-Jolie, sa puissante voisine, sous-préfecture de Seine-et-Oise et ancienne ville royale ?
Ce bouleversement futur est induit par l’arrivée du rail dans le Mantois et par la révolution industrielle qui s’ensuit. En 1856, sur le territoire de Gassicourt se crée la gare de Mantes-Embranchement, station la plus importante entre Paris et Rouen dans laquelle tous les express s’arrêtent et qui est tête de ligne omnibus vers la capitale française ou celle de la Normandie. Présage à l’annexion du bourg, cette gare ne porte pas le nom de Gassicourt.
A cette date, en face d’un dépôt de machines balbutiant, se dresse le hameau de la station, trois maisons, qui au fil des ans s’agrandit en cité Buddicom. C’est la première cité ouvrière en Île-de-France et l’une des toutes premières sur le territoire français. Composée uniquement d’une population liée au chemin de fer, elle va constamment s’élargir, déborder ses bornes primitives et ne faire plus qu’un seul tenant avec le bourg de Gassicourt.
La révolution industrielle du XIXe siècle survenant, d’autres prolétaires vont affluer dans Gassicourt, dont les habitants passent de 607 en 1891 à 3 124 pour l’année 1926. En 1817, le géographe Charles Oudiette n’y recensait que quelques 300 âmes.
Ironie de l’histoire, aux élections municipales de 1929, qui scellent la mort de Gassicourt, une liste conduite par un cheminot et composée d’une majorité d’employés du chemin de fer va défendre l’autonomie de la commune. Elle est battue et Gassicourt devient un simple quartier de Mantes-la-Jolie, comme plus tard celui du Val fourré, résidus de son passé rural.