Un cheminot en colère
Gilles Morel est lecteur assidu de l'Humanité. Il est aussi secrétaire général du syndicat CGT des directions centrales de la SNCF et élu au comité d'établissement fret SNCF.
Ce journal a relaté les manifestations des riverains du triage du Bourget, inquiets pour leur sécurité et dans ces actions, aux côtés des élus de droite du Bourget, se cotoyaient les élus du PCF, dont la député Marie-George Buffet.
D'où un premier courrier à l'Humanité, le 26 septembre:
"Ça ne m’arrive pas souvent mais je me suis étranglé en lisant l’Huma de ce matin (page 13 Libres échanges du 26/09/13).
Votre correspondante y relate le défilé des riverains du triage SNCF du Bourget-Drancy en colère contre les dangers que représente le tri de wagons de marchandises dangereuses sur le site. Inquiétude justifiée des riverains car rassurez-vous, je n’irai jamais affirmer que la circulation de matières radioactives et autres est sans danger. La catastrophe de cet été au Canada est là pour nous rappeler que le risque 0 n’existe pas.
Je crains par contre que dans cette affaire, la population et certains élus communistes ne se soient laissés manipuler par les maires du Bourget et de Drancy (tous deux UDI). La mairie du Bourget (pourtant au courant de la dangerosité du site) a acheté ou fait acheter des terrains à RFF (Réseau Ferré de France) en bordure du triage. Avec l’activité ferroviaire du site, la municipalité ne peut rien faire de ces terrains surtout pas des logements mais elle espère bien valoriser son achat en poussant la SNCF à trier les wagons de matière dangereuses ailleurs. Le problème c’est que si le tri des wagons de marchandises dangereuses quitte Le Bourget, l’activité Fret déjà bien faible n’y survivra pas. Et c’est ce que visent les élus UDI, une vaste opération immobilière sur l’ensemble des installations SNCF du Bourget-Drancy.
Il ne faut pas oublier enfin qu’une fois les wagons partis, les marchandises dangereuses iront sur la route car le Bourget est le dernier triage francilien en activité. Concernant la circulation et le stationnement des marchandises dangereuses, la règlementation ferroviaire est autrement plus contraignante que la règlementation routière. Laquelle règlementation routière n’est tout simplement pas respectée. Pensez-y lorsque vous êtes sur la route ou sur un parking d’autoroute, un camion de comburant peut circuler ou stationner à proximité de camions de produits inflammables, explosifs ou autres et là c’est potentiellement plus dangereux que les abords d’un triage.
Votre correspondante concluait son article par le célèbre « Indignez-vous ». Indignons-nous d’accord mais si possible en toute connaissance de cause."
Et un deuxième en date du 10 octobre:
"A deux reprises, vous avez relayé les revendications de la population limitrophe du triage SNCF du Bourget.
Comme je vous le disais le 26/09, leurs revendications sont certes légitimes mais posons-nous toutes les questions.
Lorsque vous relayez le slogan « un wagon deux wagons ça va, trois wagons bonjour les dégâts » demandez-vous où il passe ce troisième wagon dont vous ne voulez pas. La réponse est simple : il passe sur la route. Il est remplacé par deux camions (car un wagon charge le volume et le tonnage de deux camions) immatriculés en Estonie et conduits par un routier Polonais ou Bulgare (eh oui, Bolkestein est passé par là).
Dite- vous bien aussi que si le 3° wagon passe sur la route, la sacro-sainte rentabilité du triage sera mise à mal et ce sont tous les wagons qui iront demain sur des camions (mais là ça ne choquera personne).
Autre point concernant ce sujet et que j’ai mentionné dans mon courriel du 26/09 : à qui profite le crime ?
Surprenant non qu’on découvre soudainement la dangerosité d’un triage qui existe pourtant depuis près d’un siècle ?
Le maire UDI du Bourget a déjà acheté (ou fait acheter) des terrains aujourd’hui inconstructibles en bordure de voies. N’y a –t-il pas là une juteuse opération immobilière en cours ? Les associations parties prenantes de cette manif œcuménique -tout comme les élus communistes- ne seraient-ils pas un poil manipulés ?
Nous sommes là en plein dans l’écologie bobo : « Fermez cette usine, ce triage (rayez la mention inutile) qui gâche mon paysage quitte à foutre des ouvriers à la porte et à délocaliser, polluer en Inde où ailleurs mais loin de chez moi. Ah oui M. le Maire, après avoir viré le triage, débarrassez moi donc aussi de ces mendiants qui gâchent la jolie rénovation du centre-ville.»"
Note de ma pomme: pour conforter le coup de colère de mon camarade, 3 images
triage du Blanc-Mesnil
cimetière de machines fret Sotteville
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