Compte pénibilité pour les retraites, un recul de plus
L'Assemblée nationale l'a voté ce jeudi 10 octobre. "Une avancée historique", s'enthousiasme Marisol Touraine ministre des affaires sociales, elle qui n'a jamais enduré des conditions pénibles pour vivre et bosser.
Voyons de plus près de ce qu'il en est de ladite avancée historique qui permet aux travailleurs d'engranger des points "en fonction du temps passé en situation de pénibilité".
D'abord, ce compte personnel permet aussi de se reconvertir et de travailler à temps partiel:
- Oui, bonjour patron, j'ai passé 30 ans à m'accrocher à un marteau-piqueur. J'ai le dos en compote et suis un peu sourd d'oreilles. Avant de prendre ma retraite, je désirerai me reconvertir dans l'informatique.
- Bon, je vais vous licencier et vous envoyer à Pôle emploi.
- Bonjour monsieur Peugeot, j'ai bossé 30 ans à la chaîne, nuit et jour et même le dimanche pour mettre du beurre dans les épinards. Avant de partir à la retraite, avec mes points pénibilités à quoi j'ai droit?
- Je vais vous mettre en temps partiel, avec une baisse de salaire équivalente à votre temps de travail.
Coucou l'avancée historique!
Mais admettons qu'un travailleur se soit accroché presque jusqu'au bout à un boulot des plus pénibles. Quoi que dit la loi en nombre de points accumulés?
Déjà, on n'engrange dans sa lourde musette de turbin pénible que 1 point par trimestre, soit 4 points par an et c'est le patron qui sera chargé de remplir la fiche pénibilité. Quand on connaît l'humanité des chefs d'entreprises?
Ensuite, un décret fixera le seuil pour partir plus tôt. Et la petite souris nous informe qu'au lieu de partir à 63 ans, le travailleur gagnera un an ou deux. Bonjour l'avancée sociale!
Enfin, les critères de pénibilité ont été fixés entre "partenaires sociaux" (patronat-CFDT-CGC-CFTC). Ainsi des dangers majeurs pour la santé au travail, comme l'exposition à la radioactivité ou à des risques psychosociaux, ont été écartés.
Le gouvernement claironne que quelque 300 000 salariés vont bénéficier de points de pénibilités à partir du 1er janvier 2015. Quand on sait que 1 travailleur su 5 est soumis à des conditions de travail pénible, on est très loin du compte.
"Nous avons obtenu une conquête sociale qui va notamment permettre à ces salariés, comme les caissières, d'accéder à la formation", se félicite Jean-Louis Malys, chargé des retraites à la CFDT. Pile poil comme Marisol Tourainer, ministre des affaires sociales.
C'est vrai qu'il y a encore de la place pour reconvertir des dirigeants de la CFDT comme inspecteur des affaires sociales. Et sans aucun point de pénibilité. Rien qu'en signant des torchons avec le partronat et le gouvernement.
Les députés du front de gauche se sont abstenus. Peut-ête se sont-ils trompés de bouton après tout. Oui, parce qu'en séance, ils ont estimé qu'avec cette réforme les salariés "auront juste la possibilité de partir à 60 ans".