Quand Moscovici poignarde la mémoire d'Ambroize Croizat
Ambroize Croizat, ministre communiste du Travail, puis du Travail et de la Sécurité sociale, de 1945 à 1947, fut l'un des fondateurs de la Sécurité sociale et du système des retraites découlant du programme politique du Conseil National de la Résistance.
Canaille le Rouge apporte un éclairage supplémentaire à mon article précédent "Moscovici-Gattaz: Comme deux larrons en foire".
Ambroize croizat qu'on n'a jamais vu dans les garden-parties du CNPF et qui arpentait piquets de grève et réunions de travailleurs.
Roger, Jean et El Diablo ont mis suffisamment d’éclairage sur la présence du gouvernement aux journées du Medef pour que La Canaille n’en rajoute pas.
Par contre, il n’est pas inutile d’attirer l’attention sur ce que révèle un des points justement dénoncé par eux.
Quand Moscovici, qui va finir par devenir Medefvici, est tout fier d’annoncer à Gattaz le transfert sur la fiscalité de ce qui reste du financement des allocations familiales financé à partir des richesses crées dans les entreprises, le gouvernement, dans la lignée de De Gaulle en 67 et de ses successeurs, administre un coup de poignard dans le dos de la mémoire de celui dont nous célébrons cette année le centenaire de la naissance : Ambroise Croizat.
Voici ce que disait l’ordonnance de 1945, issue des travaux du CFLN d’Alger et surtout du programme du Conseil National de la Résistance où les patrons ne pouvaient siéger pour cause d’indignité durant l’Occupation :
Caisses d'allocations familiales (texte de l'ordonnance du 04 10 1945)
Article 19
La gestion des prestations familiales est assurée par des caisses d'allocations familiales dont la circonscription et le siège sont fixés par arrêté du ministre du travail et de la sécurité sociale, compte tenu des circonscriptions territoriales des caisses primaires de sécurité sociale .
Article 20
Sont affiliés à la caisse d'allocations familiales tous les employeurs dont l'établissement se trouve situé dans sa circonscription ainsi que les travailleurs indépendants qui y exercent leur activité.
Article 21
Chaque caisse d'allocations familiales assure le service des allocations familiales et de salaire unique:
a) Aux employeurs et aux travailleurs indépendants visés à l'article précédent;
b) Aux travailleurs occupés par lesdits employeurs.
Elle doit tenir une comptabilité distincte pour la gestion des allocations familiales servies aux travailleurs indépendants.
Des arrêtés du ministre du travail et de la sécurité sociale peuvent apporter des dérogations aux dispositions du présent article pour certaines catégories de travailleurs en raison des conditions particulières de leur travail.
Article 22
La caisse d'allocations familiales est administrée par un conseil d'administration dont les membres sont élus, pour cinq ans, par les allocataires relevant de la caisse.
Le conseil comprend:
Pour moitié, des représentants des travailleurs salariés;
Pour un quart, des représentants des travailleurs indépendants;
Pour un quart, des représentants des employeurs.
Les administrateurs sont élus, dans chaque catégorie, au scrutin de liste à un tour avec représentation proportionnelle.
Le conseil comporte, en outre:
Deux représentants du personnel de la caisse élus dans les conditions prévues par la loi du 16 avril 1946 pour l'élection des délégués du personnel dans les entreprises;
Deux personnes connues pour leurs travaux sur les questions démographiques ou leur activité en faveur de la famille, nommées par le ministre du travail et de la sécurité sociale sur la proposition du conseil;
Une personne élue par l'union départementale des associations familiales ayant son siège dans la circonscription de la caisse d'allocations familiales.
Article 23
Les caisses d'allocations familiales sont constituées et fonctionnent conformément aux prescriptions de la loi du 1er avril 1898 sur les sociétés de secours mutuels, sous réserve des dispositions de la présente ordonnance et des textes pris pour son application.
Elles peuvent constituer des fédérations avec les caisses de sécurité sociale de leur circonscription respective en vue de la création de services d'intérêt commun. Les fédérations doivent être constituées pour la gestion des services sociaux existant à la date d'entrée en vigueur de la présente ordonnance.
Article 24
La compensation entre les caisses d'allocations familiales est assurée par une section spéciale de la caisse nationale de sécurité sociale dans les conditions fixées par le règlement général d'administration publique…/…
Article 34
La cotisation des allocations familiales est intégralement à la charge de l'employeur. Le taux de cette cotisation est fixé suivant les modalités déterminées par un arrêt du ministre du travail et de la sécurité sociale et des ministres de l'économie nationale et des finances.
C'est ainsi que, pour complaire à la bande à Kessler et son poulain aux manettes du Medef, pour détricoter l'architecture mise en place à la libération, le gouvernement et le VRP de la trésorerie du Medef qui siège à Bercy avancent main dans la main.
Le pari de 1945 sur l'enfance et la jeunesse, sa santé, sa formation ses loisirs financés par prélèvement à la source des richesses, celles créées non pas par les patrons mais par le travail des parents salariés est ainsi sans débats ni état d’âmes mis à la poubelle par le gouvernement dont les représentants osent se présenter comme les héritiers de luttes qu'ils ont si peu menées et dont ils se révèlent au grand jour les fossoyeurs.
S'il fallait ne serait-ce qu'une raison, pour qu'actifs et retraités, jeunes travailleurs, lycéens, étudiants, chômeurs nous fassions du 10 septembre un tremplin pour aller botter le cul aux fossoyeurs, celle-ci ne serait pas la moindre. Et ce sera à coup sûr le meilleur moyen de rendre hommage au seul ministre des travailleurs parmi la liste des ministres du travail, comme l'a dit Marcel Paul lors de ses obsèques au Père Lachaise.