Portugal:élections du 29 septembre, progression des communistes
Ces élections locales ont vu une défaite historique de la droite, maître d'œuvre de l'austérité. Si le PS a profité de la situation pour gagner quelques mairies, il recule en voix. Les communistes de la CDU sortent grands gagnants du scrutin.
Après les deux années de plans d’austérité, le gouvernement sort affaibli. La droite subit sa pire défaite depuis 20 ans : 16,5% pour le PSD, 3,5% pour le CDS-PP. Soit un recul de plus de 10 points par rapport à 2009.
Le Parti socialiste remporte 150 mairies. Sur une corde raide, le PS a capitalisé sur le rejet global du gouvernement de droite, feignant l’indignation tardive sur le budget 2014 tout en se revendiquant après le scrutin d’une « opposition constructive » au gouvernement.
Le Parti communiste : troisième force politique du pays, en progression nationale et locale
En dépit des manœuvres de la droite et du PS, le seul parti à réellement progresser, tant en voix qu'en nombre de majorités conquises, est le Parti Communiste, rassemblé dans la Coalition CDU (Convergence Démocratique Unitaire).
Il obtient 11,1% pour les Chambres municipales (exécutif) et 12% aux Assemblées municipales (législatif) : des résultats inédits aux élections locales sur ces vingt dernières années.
Le PCP s'installe plus que jamais comme la seule alternative au consensus dominant PS-droite.
On note une progression dans les régions qui ne sont pourtant pas ses bastions. Dans les régions « rouges » du Sud, les communistes font le plein : 14,1% à Santarem, 15,8% dans la région métropolitaine de Lisbonne, 17,2 % à Portalegre, 38,6% à Beja, 38,5% à Évora (première place devant le PS) et 42% dans la région de Setúbal – la 3 ème du pays – avec majorité absolue à l'Exécutif régional.
En termes d’élus locaux, le PCP passe de 174 à 213 élus dans les exécutifs municipaux, et de 655 à 746 dans les Conseils municipaux. Les communistes dirigeront 34 mairies sur 308, soit une mairie portugaise sur neuf.
« Les voix obtenues par la CDU sont un facteur de confiance et d’espoir, sur le fait qu’il est possible de tracer un autre chemin, un autre cap. Une impulsion à la lutte, à ce qu’elle peut ouvrir de perspectives et réalisation d’une politique alternative, une preuve qu’il revient aux travailleurs et au peuple dans leur action, leurs choix et leur vote de battre les partis des politiques de droite [le PCP intègre les PS dans les partis responsables des « politiques de droite ], de donner plus de force à la CDU pour réaliser une politique patriotique et de gauche.", a déclaré le PCP.
Le Bloc de gauche (le Fg portugais) régresse de 3 à 2,4% aux exécutifs municipaux, de 4 à 3% aux Conseils municipaux.
Il ne garde plus que 8 élus aux exécutifs et 100 dans les Assemblées. Il était soutenu par le Parti de gauche européen (PGE) auquel adhère le Fg français. Ainsi, pendant la campagne, le Bloc a alterné entre des mains tendues au PS pour des alliances électorales locales et nationales, avant de dénoncer l’intransigeance du PS (et non la politique d’austérité dont il est complice !).
Ironie de l’histoire, c’est le PS qui a enlevé au Bloc sa seule mairie, Salvaterra do Magos, dans le Ribatejo.
Sur un autre point majeur, le « Bloc de gauche » s’est encore gardé de tout positionnement de rupture, tant avec l’Euro qu’avec l’Union européenne, là où le PCP maintient son discours de rupture avec l’intégration européenne, ouvrant même la question de la sortie de la monnaie unique.