Les cheminots de Paris Saint-Lazare s'adressent à vous
Paris Saint-Lazare (1877)
A l'initiative de la CGT cheminots de la région, un tract a été distribué aux usagers de la gare de Paris Saint-Lazare:
Bonjour,
La CGT, SUD-Rail, l’UNSA et la CFDT s’adressent à vous
Les événements dramatiques de juillet en France, en Espagne et en Suisse (mais aussi au Canada) nous rappellent que le transport ferroviaire, moyen de déplacement le plus sûr au monde, ne peut souffrir de la moindre erreur, quelle qu’elle soit.
En ce qui concerne l’accident de Brétigny sur Orge le 12 juillet dernier, les enquêtes sont en cours, et sans présager des conclusions, cette catastrophe a remis en lumière la politique ferroviaire menée ces dernières années par les dirigeants de la SNCF, sous l’impulsion des gouvernements successifs avec comme seule ligne de conduite, la réduction des coûts, le profit, une politique de maintenance à minima, au détriment des moyens humains et matériels, seuls moyens d’assurer un service public de haut niveau tel que vous êtes en droit d’exiger.
Ces événements surviennent à un moment où l’avenir du système ferroviaire est en jeu, et où le gouvernement envisage une réforme d’ampleur qui aura un impact certain sur votre quotidien d’usager de la SNCF.
Pour notre part en tant qu’organisations syndicales représentatives à la SNCF, cette réforme doit être l’occasion de développer la SNCF, entreprise publique tant du point de vue du transport de voyageurs que de marchandise au service de la nation.
Et de cela nous voulons en parler avec vous, la SNCF n’appartient ni à son président ni aux financiers, ni aux agences de notations, elle appartient à la nation !
Dans les mois qui viennent, un projet de loi sera présenté en Conseil des Ministres, en vue d’un débat au Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) à la fin de cette année. Dans le même temps, des discussions sont engagées au niveau européen pour faire adopter une nouvelle série de textes législatifs visant à libéraliser encore plus les chemins de fer en Europe.
Pour nous la réforme qui s’engage ne peut pas se faire sans l’expertise des cheminots et sans un vrai débat public avec les chargeurs (transport de marchandises) et les usagers de la SNCF, car elle doit redonner du sens au service public ferroviaire, répondant aux besoins quotidiens de tous, en remettant le voyageur et le chargeur au centre des décisions.
Contrairement à ce que certains affirment, l’ouverture à la concurrence n’est pas inéluctable et ne règlera rien !
La libéralisation d’EDF et GDF, de la Poste et France Télécom, de l’hôpital public, de l’eau, des universités, n’ont eu pour résultat que la baisse de la qualité et la hausse des tarifs !
La séparation de l’infrastructure (RFF) et de la SNCF en 1997 n’a rien réglé, bien au contraire, puisque le service rendu s’est dégradé.
Le désengagement de l’Etat pour développer les services publics, la recherche effrénée de rentabilité financière, ont entraîné les deux EPIC (RFF et la SNCF) à faire des choix sur l’entretien de certaines lignes qui ont été négligées, sans remise à niveau, ni régénération, tout en faisant de ces 2 « partenaires » des concurrents en terme d’efficacité.
Des lignes ont été abandonnées, d’autres sont menacées de fermeture. Des bus ont remplacé les trains dans certains endroits, sans offrir les mêmes niveaux de qualité et durée de voyage que le train !
La politique menée au fret et l’absence de perspectives à venir contribuent à toujours plus de camions sur les routes malgré les annonces des grenelles de l’environnement et des autoroutes ferroviaires. Ils peuvent toujours parler du nombre de tués sur les routes. Ils ne veulent pas prendre les décisions qui s’imposent, contrairement à certains pays qui ont eu cette politique volontariste et courageuse.
La structuration actuelle de la SNCF, cloisonnée par activités distinctes (d’un point de vue comptable, structurel et organisationnel) a des conséquences sur votre quotidien (Fermetures de gares, d’ateliers du matériel, de guichets – suppressions d’effectifs – tarifs déréglementés, retards et suppressions de trains, etc…).
Aujourd’hui lorsque vous vous avez « affaire à la SNCF », sachez que vous ne vous adressez qu’à une petite partie de celle-ci, parfois totalement indépendante, tant elle est morcelée et cloisonnée.
Comme simples exemples quotidiens :
- Un conducteur de trains de marchandises n’est plus autorisé à conduire un train de voyageurs (ce qui se faisait quotidiennement il y a moins de 10 ans), et vice versa. On ne peut donc les remplacer et votre train est supprimé ou reste en gare durant des heures en attendant de faire venir en taxi un autre conducteur, parfois de plusieurs centaines de kilomètres…
- Un vendeur qui travaille dans d’une gare dite « Transilien », ne peut pas vendre de billets de « hors IDF » (province, TGV, l’international, etc…). Pourtant il le faisait il y a encore moins de 5 ans. Les guichets « Grandes Lignes » ont été fermés, vous obligeant parfois d’aller à Paris pour obtenir un billet. Tout cela entraînent des aberrations qui parfois dépassent l’entendement et vous font vous demander si cette entreprise a encore du bon sens !
Dans le cadre de la réforme en cours, nous proposons que tous les cheminots sur le territoire retravaillent ensemble pour une meilleure efficacité afin de répondre à vos besoins. Cela doit se traduire par un retour à une mutualisation des moyens humains et matériels, avec comme ambition que tous les métiers de la SNCF, tous les cheminots, constituent une chaîne de service répondant aux besoins du voyageur et du transport du fret !
Madame, Monsieur, c’est ensemble que nous vous proposons d’en débattre et d’agir. Il faut nous faire entendre pour que cette réforme garantisse réellement la meilleure efficacité et sécurité dans votre quotidien dans les transports par trains. Il n’y a pas d’antagonisme à avoir comme objectif commun celui de l’intérêt des usagers et de la Nation, dans un système ferroviaire public de qualité.