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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

 


C’est devant les prud’hommes de Roubaix que bien des épisondes de ce dossier se sont joués.
Photo et article pris dans la Voix du Nord
 
On ne pourra plus les appeler les Licenci’elles ! Anciennes salariées des Espace boutiques de 3 Suisses, elles avaient perdu leur emploi suite à la fermeture des 35 sites que la marque détenait en France. Depuis plusieurs mois, elles combattaient cette fermeture et la perte de leur travail devant les prud’hommes. Ce vendredi, le jugement a été rendu par le juge départiteur qui devait trancher ce litige. Le plan de sauvegarde de l’emploi a été déclaré nul. Le géant du e-commerce, 3 Suisses France, mais aussi ses maisons mères, ont été condamnées. Il va faire appel.
 
C’est un jugement de 31 pages, multiplié par une soixantaine de plaignantes. Et il va faire date dans l’histoire des combats sociaux de ces dernières années. 3 Suisses France, mais aussi 3SI et Commerce B to C, ses deux maisons mères, ont été condamnées dans ce dossier qui traînait en longueur depuis des mois. Derrière cette décision du juge départiteur (qui avait été désigné car les conseillers prud’homaux n’avaient pas réussi à s’entendre), c’est un pan entier de la restructuration du géant de la vente à distance qui s’écroule, 3 Suisses France étant en lourd déficit depuis plusieurs années. Au-delà d’une profonde refonte des marques du groupe (nouvelle informatique, nouveau centre de préparation de commandes construit à Hem), il prévoyait la fermeture de ces magasins, jugés comme anachroniques à l’ère du e-commerce. Mais la justice a estimé que le reclassement des personnes qui travaillaient dans ces 35 espaces n’était pas à la hauteur (3 Suisses avait consacré près de 42 millions d’euros sur ce point). Il a ordonné des indemnisations allant de 12 800 à 155 000 euros.
 

« On peut gagner »

Me Fiodor Rilov, le défenseur des Licenci’elles et avocat connu pour ses engagements au côté des salariés lors des plans sociaux, exprime une logique satisfaction et étend cette victoire au cas de tous les travailleurs au côté desquels il a été ces dernières années. « Quand des salariés décident de se battre contre une multinationale aussi importante soit-elle, ils réussissent à la faire condamner. Ces entreprises ne peuvent pas priver les gens de travail pour accumuler des bénéfices supplémentaires. Ces actionnaires ne peuvent sacrifier tout ce qui se met en travers de leur chemin. Ces salariées de 3 Suisses ont été privées de travail, de ressources, de vie sociale. C’est un déséquilibre qui est de moins en moins supportable. Mais cette action en justice montre que l’on peut gagner contre ces monstres de l’économie qui traitent leurs salariés comme des objets. »

Holdings « au-dessus de la mêlée »

S’il prend note de l’annulation des licenciements, « une sanction particulièrement significative qui souligne toute l’illégalité de la procédure », il se satisfait de voir les trois sociétés condamnées. « C’est extrêmement important de marquer le coup avec cette condamnation solidaire. Les décideurs ne peuvent plus être à l’abri dans des holdings, au-dessus de la mêlée pour échapper à toute responsabilité. Ce sont des structures financières dont les salariés n’ont parfois même pas connaissance. » Néanmoins, le groupe allemand Otto, l’actionnaire principal du groupe, n’a pas été associé à la condamnation (c’était pourtant un argument de poids des plaignants). « Mais si 3 Suisses interjette appel, nous aurons l’occasion de rediscuter de ce point et de la responsabilité d’Otto, avec un contexte nouveau », l’entreprise ayant pris la totalité des parts de 3 Suisses France et de la branche e-commerce du groupe.

#histoire sociale