Le "business du commerce équitable", hier sur Arte
Ce documentaire est passé un peu tard, à 22h 25 et en période estivale, sans tambour ni trompette. Mais il valait le coup d'être regardé. C'est Donatien Lemaître qui le réalise. Si vous pensiez que le label « commerce équitable » rémunère à son juste prix des petits producteurs, vous vous êtes simplement gourés.
Quelques exemples:
En République Dominicaine, 33% des bananes équitables de la planète, des producteurs labellisés Max Havelaar exploitent des clandestins haïtiens.
Certifiée commerce équitable depuis 2000, la coopérative Baneling, dirigée par une Néerlandaise, paie ses travailleurs sans-papiers 5 euros par jour (moins que le minimum recommandé).
L’organisme certificateur et Max Havelaar, ont refusé de s’exprimer devant la caméra.
L'internationale des supermarchés s'est engouffrée dans le commerce équitable et leurre les consommateurs. La grande distribution a refusé aussi de communiquer sur le sujet. Mais les marges des distributeurs seraient plus élevées sur du café commerce équitable que sur du café normal : 1,45 euro contre 1 euro par paquet. Il en est ainsi pour le thé Lipton labellisé Rainforest Alliance...
Au Kenya, Unilever fait cultiver du thé dans des plantations géantes où les travailleurs gagnent 3 euros par jour, soit deux fois plus que le salaire minimum local, mais seulement les jours sans intempérie.
Après la révélation de discriminations et de harcèlements sexuels intervenues dans cette plantation, Lipton (du groupe Unilever) a mis en place une « hotline ethic ». Mais il est très difficile d’avoir un interlocuteur qui parle autre chose qu’anglais et la conversation est facturée au prix d’une journée de travail.
Restent les labels, genre Artisans du monde, une goutte d'eau dans l'océan du business. Oui, le capitalisme s'approprie toujours notre planète, faut-il s'en rappeler