Dans la rubrique "le travail c'est la santé"
Aujourd'hui, le labeur des dockers de Nantes-Saint-Nazaire.
Hier, leurs bras et leurs dos étaient brisés. Aujourd'hui, ce sont les existences qui s'écourtent pour ces porte-faix des temps modernes. 128, c'est le nombre de dockers, malades ou décédés, sur un total de 243 en activité sur le port en 1992, d'après une étude scientifique.
Et cela continue, comme le souligne Anne Thébaud-Mony, directrice de recherche au CNRS: "Parmi les 130 dockers du port de Nantes -qui manipulent en continu et sans protection les caisses de bois traitées aux pesticides, les bananes traitées au chlore et la ferraille qui dégage de l'oxyde de fer-, 35 cas de cancer du rein ont été dénombrés. Je ne vois pas comment, avec une telle proportion, on peut encore parler de hasard".
Serge Doussin, président de l'Association pour la protection de la santé au travail dans les métiers portuaires (APPSTMP 44) souligne la fiabilité de l'étude entreprise par des chercheurs et des cancérologues: "Jamais jusqu'alors on ne s'était posé la question d'une quelconque exposition à des produits toxiques. On se cantonnait aux risques physiques."
La CGT, quant à elle, en début de cette année, a lancé une alerte sur la toxicité des conteneurs entreposés dans les ports. 28% contiennent des taux de gaz toxiques, censés protéger les marchandises transportés. Des études épidémiologiques ont été faites en Allemagne et aux Pays-Bas. Pas en France.
Oui, en France, on préfère parler de partir à la retraite le plus tard possible, puisqu'on a la santé.